Aujourd’hui aux Entretiens de Bichat

L’hypersécrétion thyroïdienne du sujet âgé largement méconnue

Publié le 26/09/2013
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L’HYPERSÉCRÉTION THYROÏDIENNE, qu’elle soit due à une synthèse trop élevée, autonome, d’hormones thyroïdiennes ou secondaire à une atteinte lésionnelle comme dans le cas des thyroïdites, est considérée comme une maladie « bénigne » en regard du cancer de la thyroïde (440 morts par an en France).

Et pourtant, elle est à l’origine d’une morbi-mortalité bien plus élevée : on estime à au moins 2 % le nombre de patients de plus de 65 ans (près de 200 000 personnes) ayant une hypersécrétion thyroïdienne endogène (HTE) impliquée dans la survenue d’environ 43 000 passages en arythmie complète par fibrillation auriculaire (ACFA) et de 6400 accidents vasculaires cérébraux (AVC)…

Les effets délétères d’une imprégnation hormonale chronique, même modérée, concernent en effet principalement le système cardiovasculaire, dans une moindre mesure le squelette ou les fonctions cognitives.On doit y penser d’autant plus volontiers que la prévalence de l’HTE augmente avec l’âge et prédomine chez les femmes ; elle est par ailleurs fonction du statut iodé, carence relative pour les hypersécrétions modérées, ou à l’inverse pour les hyperthyroïdies auto-immunes, apports normaux, voire élevés. Cliniquement, les signes sont absents ou se résument à une perte de poids et un essoufflement surtout, une symptomatologie beaucoup moins bruyante que celle des patients plus jeunes (thermophobie, accélération du transit, goitre,etc.).

Si à moins de 0,1 mU/l de TSH, le diagnostic d’HTE est certain, il est conseillé de ne pas tabler sur le dosage de la TSH uniquement, utile mais insuffisant pour détecter les variétés faiblement sécrétantes. Or, la plupart de ces HTE, de nature autonome, le sont. Leur caractérisation précise repose donc sur la scintigraphie quantifiée à l’iode 123, dès lors que la perturbation biologique est pérenne, sur plus de 6 mois (du fait de la “pulsatilité“ de l’hormone), avec une TSH fluctuant entre 0,1 et 0,6 mU/l. Les maladies de Basedow (25 % des HTE) sont plus simples à identifier, sur un profil dominant d’hypersécrétion franche à T4 libre, une positivité des anticorps anti-récepteurs de la TSH et une hypervascularisation à l’écho-doppler.

D’après la communication du Pr Jérôme Clerc, dans le cadre des Entretiens de Bichat, le 26 septembre

Dr BRIGITTE BLOND

Source : Le Quotidien du Médecin: 9266