Prise en compte de la douleur, de la fatigue, de la souffrance psychique, des troubles alimentaires et digestifs ou respiratoires, de la santé sexuelle, des difficultés sociales…, la palette des soins de support à offrir aux patients atteints de cancer est large. Un travail effectué par l’INCa à la demande de la DGOS, fondé sur une revue de la littérature, a permis de définir un panier de soins de support minimal.
Cancérologie intégrative
Aujourd’hui, seuls certains relèvent de l’Assurance-maladie. D’autres, tels que l’accompagnement diététique, l’activité physique adaptée (APA), l’onco-esthétique, ne sont pas assez développés dans les structures de cancérologie, et encore moins en ville. « Au centre de lutte contre le cancer de Bordeaux, nous proposons de multiples soins de support. Nous bénéficions d’un centre dédié à la douleur, d’équipes de psycho-oncologie et d’assistance sociale, de socio-esthéticiennes, de diététiciens, d’une équipe mobile de soins palliatifs… Nous tentons de conforter l’activité de rééducation-réadaptation-APA par un projet d’unité dédiée, et souhaiterions également renforcer davantage, la recherche et l’enseignement en soins de support, mais nous n’en avons pas les moyens humains », regrette le Pr Ivan Krakowski, oncologue, coordonnateur du département interdisciplinaire de soins de support pour le patient en oncologie (Disspo) de l’Institut Bergonié à Bordeaux, fondateur de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos) et du groupe de recherche Unicancer-Afsos. Mais, tient-il à préciser, « si les soins de support permettent l’intégration de certaines pratiques non conventionnelles dans la prise en charge du patient, ils ne sont en aucun cas des soins alternatifs aux soins du cancer. Aux prochaines Rencontres de la cancérologie française, nous présenterons, notamment, une mise au point sur le concept de “cancérologie intégrative”, qui clarifie ce type de problématiques. »
Améliorer les liens ville-hôpital
Selon lui, pour rendre l’organisation des soins de support plus efficace, plusieurs défis restent à relever : « Les patients viennent de moins en moins à l’hôpital. Nous devons organiser leur prise en charge à domicile, afin qu’ils puissent trouver des professionnels près de chez eux, de façon financièrement acceptable. À l’avenir, la télémédecine devrait améliorer l’accès aux soins de support, notamment dans les régions où l’offre est moins dense. »
Outre le renforcement de ce type de soins dans les structures de cancérologie, un travail important devra être effectué pour améliorer leur organisation en ville. « Pour cela, nous avons notamment mis en place, à Bordeaux, la “plateforme d’interface ville-établissement” (Pive), qui structure et facilite les liens entre la ville et l’hôpital. Elle est dédiée aux patients de retour à leur domicile ainsi qu’à leurs proches et aux professionnels de ville qui les soignent », explique le Pr Krakowski. Copilotée par les hospitaliers et les professionnels de ville (les unions régionales de professionnels de santé), la Pive permet d’aider le patient suivi pour toute question d’ordre médical.
Concrètement, le malade (ou un proche) peut appeler la plateforme afin d’échanger avec une infirmière de coordination. Formée à la cancérologie et à la coordination, celle-ci sera capable de répondre directement à ses questions ou de l’orienter vers des professionnels ou des structures en ville ou à l’hôpital, selon ses besoins. « À terme, prévient le Pr Krakowski, pour faciliter l’accès aux soins et la coordination ville-hôpital, nous devrons investir significativement dans ce type de plateformes – qui, par ailleurs, génèrent de nombreuses économies –, notamment en recrutant davantage d’infirmières de coordination. »
D’après un entretien avec le Pr Ivan Krakowski, président de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos)
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