Les études sur les effets respiratoires du cannabis sont difficiles en raison de la diversité des modes de consommation : plutôt les feuilles (marijuana) en Amérique du Nord et maintenant la vaporisation, plutôt la résine dans les pays européens, résine qui est alors mélangée au tabac pour être fumée. Si tout ce qui se fume est mauvais pour le poumon, l’impact spécifique du cannabis fumé reste discuté. Vient à cela s’ajouter le problème de la double consommation cannabis-cigarettes et celui de la quantification de la consommation, quand l’on parle de paquet année pour le tabac (20 cigarettes/jour durant 1 an), les études utilisent le joint/année pour le cannabis (1 joint/jour durant 1 an).
Toutefois, selon les données des études, aux résultats parfois divergents, fumer du cannabis serait associé à un doublement du risque de cancer du poumon chez les sujets fumant un joint par jour pendant 20 ans.
L’impact du cannabis sur le risque de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est en revanche mieux établi : le cannabis fait tousser et cracher car la fumée est irritante pour les grosses bronches, comme l’étaient les cigarettes brunes. Les études récentes soulignent également le risque d’hypodensité pulmonaire à l’imagerie et de bronchiolites distales, même si les effets sur la fonction respiratoire sont controversés.
Autre risque de la consommation de résine de cannabis : celui de rechute du tabagisme après sevrage.
Ces faits posent la question du mode de consommation du cannabis dans le cadre d’une stratégie de réduction des risques. Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, ceci soulève plusieurs questions. « S’il ne peut éviter toute consommation de cannabis chez un patient, le médecin doit-il conseiller la réduction des risques, en évitant la nicotine chez les fumeurs de tabac et la fumée chez tous ? Pour éviter la dépendance nicotinique chez ceux qui ne veulent pas quitter le joint, le médecin doit-il conseiller aux ex-fumeurs d’utiliser des plantes à fumer, si l’on est sûr de la qualité des produits ou de ne consommer que des feuilles de cannabis ? Chez ceux qui acceptent de quitter le joint mais pas le cannabis le médecin doit-il recommander aux consommateurs d’utiliser des systèmes de vaporisation, sans fumée et sans nicotine, même si on ne connaît pas tous les effets de la modification du profil des produits inhalés par ce procédé ? ».
Sans oublier un autre problème émergeant : la commercialisation sur internet de quelque 130 cannabinoïdes de synthèse dont une centaine, qui bien qu’agissant sur les récepteurs CB1 ou CB2 du cannabis, n’est pas encore interdite.
Article précédent
Plaidoirie pour un remboursement
Après la ventilation
Deux visions complémentaires
Bon anniversaire au congrès !
A la recherche de la bonne fréquence
Une révolution protéique
Les macrolides sur le devant de la scène
Le syndrome ACOS
Immunothérapies cherchent biomarqueurs
Réduire la pollution de fond, c’est réduire les pics
De nouvelles chances
Nouvelles recommandations de la SPLF
Le patient vit avec et s’adapte à son handicap
Et si c’était une fibrose pulmonaire idiopathique ?
Ce que cache une toux chronique réfractaire
Plaidoirie pour un remboursement
Vers la réduction des risques
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024