La BPCO est une maladie fréquente, invalidante et grave qui, faute d’une mobilisation des professionnels de santé, pourrait passer en 2020 à la 3e place des causes de mortalité.
On estime que deux malades sur trois atteints de BPCO ne se savent pas touchés par la maladie et ne sont donc pas traités.
Or, d’importants progrès ont été réalisés dans la prise en charge et il est possible d’en freiner l’évolution.
« Le rôle du médecin généraliste plutôt que d’assurer un dépistage est d’effectuer un repérage précoce ou case-finding », explique le Pr Bruno Housset (Centre Intercommunal de Créteil), président de la Fédération française de pneumologie).
Repérage des sujets à risque
Le repérage des sujets à risque doit cibler les sujets exposés à des substances inhalées irritantes notamment la fumée du tabac (85 % des cas) ou exposés à des polluants d’origine professionnelle.
Pour l’interrogatoire, il existe des questionnaires standardisés, notamment celui en 5 items dérivé de GOLD, repris par la HAS et la CNAM. Trois réponses positives permettent d’évoquer le diagnostic. « Les questionnaires sont sensibles, mais non spécifiques. Si le résultat est négatif, la BPCO peut être écartée, en revanche, il existe des faux positifs. Leur intérêt est de sensibiliser les patients et de faire un premier filtre », souligne le Pr Housset. L’objectif est d’estimer le risque de BPCO et donc de justifier l’indication éventuelle d’une spirométrie en limitant la probabilité de pratiquer une mesure du souffle chez un sujet sans BPCO.
Quant à la mesure du souffle réalisée au cabinet du médecin généraliste, cela semble être, en pratique, une mission encore difficile à accomplir.
Différents obstacles à sa mise en œuvre ont été identifiés (manque de temps, manque de formation, nécessité de recourir à des embouts jetables d’où un problème de coût…) « Il est essentiel d’offrir aux médecins généralistes selon leur motivation, une formation à l’utilisation de spiromètres », ajoute le Pr Housset.
De nouvelles expérimentations
Des expérimentations de détection de la BPCO, conduites par différents professionnels de santé en vue d’un premier diagnostic sont prévues dans les maisons médicales pluriprofessionnelles, dans le Val-de-Marne et la Seine et Marne. « La CNAM souhaite également mettre en place prochainement, une opération de repérage précoce par les médecins généralistes en leur proposant des spiromètres performants qui seraient connectés avec un contrôle qualité par un pneumologue référent », explique le Pr Housset
Le pneumologue procède à une évaluation complète, apprécie la sévérité de la maladie après un examen plus approfondi visant à confirmer le diagnostic. « L’avis pneumologique est justifié pour assurer le diagnostic par un test de réversibilité, apprécier la gravité, rechercher des comorbidités qui sont fréquentes et proposer une prise en charge adaptée », précise le spécialiste.
La prise en charge comporte la prescription de bronchodilatateurs à longue durée d’action (bêta-2-mimétiques, anticholinergiques). Une monothérapie est initiée au départ, puis si besoin, une autre classe thérapeutique est associée.
Lorsque la bithérapie est efficace, il est possible de prescrire une association fixe. L’éducation thérapeutique est très importante. Le médecin traitant doit expliquer au patient comment bien prendre son médicament inhalé. Les molécules ont des efficacités similaires, encore faut-il que le dispositif d’inhalation soit correctement utilisé afin qu’elles arrivent au bon endroit.
L’aide au sevrage tabagique, la réhabilitation respiratoire et la pratique d’une activité physique adaptée sont bien sûr, essentielles.
Article suivant
Un diagnostic incertain dans trois quarts des cas
Se former à l’utilisation de spiromètres
Un diagnostic incertain dans trois quarts des cas
Une échelle mesure l’engagement des généralistes
Prévenir le risque d'AVC
Les médecins généralistes témoignent de leurs difficultés
Un champ immense encore à explorer
Priorité au dépistage et au suivi des pathologies associées
Un deuxième traitement doit être systématique
À la reconquête technologique du temps médical
La Bourgogne montre l'exemple
De la prévention à l'après traitement
Frottis et vaccination
Le sport sur ordonnance, un nouvel outil
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique