Selon un rapport présenté fin janvier par l’OMS, entre 1990 et 2014, le nombre d'enfants en surpoids dans le monde est passé de 31 à 41 millions. Si le phénomène est particulièrement alarmant dans les pays en voie de développement, l’Europe est également touchée.
En France en 2013, 12 % des élèves de grande section de maternelle étaient en surpoids, dont 4 % en situation d’obésité, révèlent les derniers chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Une prévalence stable depuis les années 2000, selon le Dr Éric Cailliez, médecin généraliste et enseignant à l’université d’Angers.
Phénomène réversible
Plus la surcharge pondérale est détectée précocement, plus elle a de chance d’être réversible. Une fois encore, ce sont les médecins généralistes (MG) qui se situent en première ligne pour intervenir tôt. Dans sa thèse soutenue en février 2016 sous la direction du Dr Cailliez, le Dr Élodie Dubuisson note qu’en 2009, 79 % des enfants de moins de 16 ans consultaient un médecin généraliste, 5 % un pédiatre, 16 % consultaient les deux.
Pour sensibiliser la population et les professionnels de santé, le gouvernement a instauré en 2001 un Plan national nutrition santé (PNNS), prolongé en 2006 et 2011. Un quatrième plan est prévu cette année. En 2003, La Haute autorité de santé (HAS) a, pour sa part, édité des recommandations, actualisées en 2011.
À première vue, les données de la littérature recueillies par le Dr Dubuisson sont encourageantes : les généralistes dépistent effectivement de plus en plus le surpoids chez l’enfant. Mais insiste le Dr Cailliez « ces recommandations restent mal connues. Les institutions ont conçu des outils remarquables, mais ils ont été très mal présentés aux médecins ».
De nombreux écueils
Parmi ceux interrogés par la thésarde, ils sont nombreux à témoigner des difficultés rencontrées pour cette prise en charge. La durée et la fréquence des consultations sont un premier facteur limitant. « Globalement jusqu’à 2 ans, on suit bien les enfants, après, on les voit moins souvent », fait remarquer le Dr Cailliez. La HAS recommande de réaliser une consultation dédiée au problème pondéral et d’étaler l’exploration sur plusieurs consultations. Le Dr Cailliez abonde dans ce sens : « Je pense qu’une visite obligatoire de prévention par an chez l’enfant serait absolument nécessaire et permettrait d’aborder nombre de sujets sur le long terme, dont le poids ».
Autre obstacle, certains avouent se sentir mal préparés pour partager l’information avec les familles, craignant de créer ou d’aggraver une souffrance en imposant une prise de conscience du problème, rapporte le Dr Dubuisson dans sa thèse. Le Dr Cailliez relève : « Une des grosses difficultés est de motiver les parents, de leur faire entendre qu’on n’est pas dans la brimade ou le désamour. Le lien entre alimentation et affection est très complexe pendant l’enfance. Certains ne peuvent pas l’entendre, surtout dans les milieux précaires, les familles monoparentales où ce lien est fort… Quand les parents sont obèses, c’est plus difficile. Il faut éviter la banalisation, le fatalisme ou la dramatisation. »
Enfin, certains MG considèrent que prendre en charge l’obésité infantile ne relève pas de leur compétence, ce que déplore de Dr Caillez. « Je suis intimement persuadé que le MG de par sa prise en charge globale des problèmes, sa proximité et son accessibilité, son enchâssement dans le bassin de vie a une position privilégiée pour dépister et débuter une prise en charge ». Selon lui, La mise en place de consultations dédiées à ce problème relève tout autant du choix du médecin que de l’organisation du système de soin.
Article précédent
Prévenir le risque d'AVC
Article suivant
Un champ immense encore à explorer
Se former à l’utilisation de spiromètres
Un diagnostic incertain dans trois quarts des cas
Une échelle mesure l’engagement des généralistes
Prévenir le risque d'AVC
Les médecins généralistes témoignent de leurs difficultés
Un champ immense encore à explorer
Priorité au dépistage et au suivi des pathologies associées
Un deuxième traitement doit être systématique
À la reconquête technologique du temps médical
La Bourgogne montre l'exemple
De la prévention à l'après traitement
Frottis et vaccination
Le sport sur ordonnance, un nouvel outil
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique