Diabète et emploi

L’hypoglycémie a parfois bon dos

Publié le 11/04/2014
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Un an après la parution de son livre blanc « Diabète et travail : propositions pour en finir avec les discriminations », l’Association Française des Diabétiques (AFD) dénonce l’immobilisme général. Des professions restent encore interdites de principe aux diabétiques et d’autres leurs sont difficiles d’accès en dépit de l’évolution des traitements.

Crédit photo : B. BOISSONNET / BSIP

Près d’un diabétique sur quatre estime avoir été victime de discrimination au travail et 33% cachent leur maladie par crainte de rencontrer des difficultés à mener leur activité professionnelle quotidienne*. Ce constat qui date d’à peine un an a poussé l’AFD à faire reconnaître « l’aptitude professionnelle générale des personnes diabétiques à l’exercice normal d’un emploi », notamment au moyen de son « Guide Diabète et Travail » paru en avril 2013. Car, en dépit du code du travail qui précise qu’aucun salarié ne peut être licencié en raison de son état de santé, une personne atteinte de maladie chronique comme le diabète a quatre fois plus de risque d’être exclue du monde du travail.

Par ailleurs, 16% des sondés ont souffert d’une discrimination liée au diabète pour l’accès à l’emploi ou lors d’un recrutement. En effet, la situation vis-à-vis de l’accès à certains métiers et postes de travail est figée depuis des décennies, principalement à cause du risque d’hypoglycémie, remontant aux temps où les diabétiques étaient moins bien contrôlés, avec des insulines moins performantes. Or, depuis, la technologie (pompe à insuline, auto-surveillance glycémique) et les traitements ont progressé. Pas les règles.

Décider au cas par cas

Des textes règlementaires barrent encore aujourd’hui la route aux personnes diabétiques. Il s’agit des professions dont le statut justifie a priori « d’une incompatibilité avec le diabète » (personnel navigant technique dans l’aéronautique civile, pompiers, agents de sécurité etc.). Mais d’autres leurs sont encore souvent fermées (marins, police nationale, métiers nécessitant un permis de conduire etc.) et certaines leurs sont refusées purement et simplement comme ceux d’ingénieurs des Ponts, des Eaux et des Forêts ou des Mines, géographes etc.

Il ne faut pas non plus sous-estimer les difficultés que doivent surmonter les diabétiques pour exercer certains métiers en raison des risques professionnels encourus – même si le diabète est bien suivi et équilibré – comme ceux consistant à occuper des postes dits de sécurité (travail en hauteur, sur des machines dangereuses, travail isolé) ou ceux nécessitant une très bonne acuité visuelle.

Or, aujourd’hui, « tous devraient être examinés au cas par cas et qu’on ne leur oppose pas un "non" ferme et définitif avec de rares dérogations obtenues après un long combat », affirme Gérard Raymond, secrétaire général de l’Association Française des Diabétiques, qui regrette la fermeté des institutions : « Il devrait être possible d’engager des personnes diabétiques chez les sapeurs-pompiers, sur certains postes ou

missions. »

Education thérapeutique, prise en charge pluridisciplinaire, parcours de soins, etc., en 2014, une personne diabétique peut avoir les moyens de mener un exercice professionnel comme n’importe qui.

* Enquête diabète et travail AFD (8 au 22 avril 2013)/ Guide Diabète et Travail. www.afd.asso.fr
Hélène Joubert

Source : lequotidiendumedecin.fr