Asthme sévère et sensibilisations

L’importance du phénotypage

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Publié le 13/05/2016
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L’asthme sévère est défini comme un asthme nécessitant un traitement avec de fortes doses de corticostéroïdes inhalés en association à un autre traitement, ou une corticothérapie orale pendant plus de 6 mois au cours de l’année précédente ou qui reste non contrôlé malgré ce traitement.

Il concerne de 5 à 10 % des patients.

Le taux de sensibilisation est variable selon les études, les populations et le lieu géographique, allant de 47 % des adultes en Suède à 93 % des sujets de plus de 12 ans aux États-Unis. Peu d’études ont comparé asthmes sévère et non sévère dans un même lieu géographique. Selon une étude américaine, les taux de sensibilisations semblent inférieurs en cas d’asthme sévère chez l’adulte. Mais un travail réalisé sur une cohorte pédiatrique retrouve à l’inverse des sensibilisations plus fréquentes en cas d’asthme sévère, notamment pour les graminées et les acariens.

« Le type de pneumallergènes ne varie pas selon la sévérité de l’asthme », a indiqué le Dr Perotin-Collard, avant de rapporter les données les plus récentes dans trois situations spécifiques.

L’asthme sévère avec sensibilisation fongique est une entité connue depuis une dizaine d’années. Il associe un asthme sévère et une sensibilisation à au moins une moisissure, sans aspergillose bronchopulmonaire allergique. Il concerne plus souvent des patients de sexe masculin, jeunes, avec des taux d’IgE totales plus élevés. Le contrôle de l’asthme nécessite fréquemment une corticothérapie au long cours. Plusieurs études ont évalué l’intérêt d’un traitement antifongique spécifique, avec des résultats pour l’instant plutôt décevants.

Les acariens joueraient un rôle direct dans le remodelage bronchique chez les patients ayant un asthme sévère, selon des travaux récents menés in vitro à partir de prélèvements issus de patients asthmatiques sévères et de patients témoins (1). L’effet sélectif des acariens sur le remodelage du muscle lisse bronchique passerait par le biais de leur activité protéase.

Enfin, deux études récentes menées en Australie soulignent la corrélation existant entre les exacerbations d’asthme et l’exposition aux pollens de graminées.

La première a montré une augmentation linéaire du nombre de consultations aux urgences avec la concentration en pollens de graminées dans l’air, au-delà de 19 grains/mètre cube (2). La seconde, qui a porté sur 644 enfants consultant aux urgences, a permis d’identifier deux phénotypes à risque d’exacerbations nécessitant une hospitalisation : des garçons ayant une infection à rhinovirus en période pollinique et des filles ayant une allergie alimentaire, également dans un contexte de concentrations élevées en pollens (3).

« Ces données mettent l’accent sur l’importance du phénotypage dans l’asthme sévère et du suivi rapproché des patients concerné, qui doivent bénéficier d’un traitement spécifique adapté », a conclu le Dr Perotin-Collard.

D’après la communication du Dr Jeanne-Marie Perotin-Collard, Reims

(1) Trian T et al. Am J Respir Crit Care Med 2015;191(5):538-46

(2) Erbas B et al. Clin Exp Allergy 2012;42(5):799-805

(3) Erbas B et al. J Allergy Clin Immunol 2015;136(4):1118-20

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9497