Les avancées majeures viennent des prothèses bioniques, mariant la technologie pure avec les processus physiologiques, afin de développer les interactions entre les dispositifs et l’individu. « Les prothèses ne se contentent plus de remplacer une fonction mais s’adaptent à la physiologie et aux contraintes environnementales », explique le Pr Jean Paysant. Ainsi les prothèses dites intelligentes du membre inférieur intègrent maintenant dans leur fonctionnement des paramètres comme l’inclinaison du sol, le déplacement du centre de gravité, la vitesse de marche, etc.. L’environnement peut aussi devenir interactif pour faciliter le quotidien : par exemple, un petit détecteur fixé sur le micro-onde interagit avec la prothèse du membre supérieur qui adoptera automatiquement les bons mouvements pour l’utiliser. Une motorisation interne de la prothèse peut y être associée avec succès.
Les techniques chirurgicales d’ostéo-intégration se développent : l’implant en titane sur lequel sera ultérieurement fixée la prothèse est inséré chirurgicalement dans l’os amputé, ce qui peut être un atout lorsque le moignon est extrêmement court. Mais il n’est pas remboursé et ne peut donc être réalisé que lorsqu’un tiers est responsable de l’accident et que son assurance en assume le coût.
Une collaboration multidisciplinaire
Les progrès de la recherche se fondent sur la collaboration entre techniciens, industriels, praticiens ce qui l’ancre fortement dans les besoins du patient. Les programmes TecSan (Technologies pour la santé et l’autonomie) promus par l’Agence nationale de la recherche (ANR) doivent d’ailleurs obligatoirement associer industriels, scientifiques et cliniciens. Ainsi, par exemple, « L’Institut Régional de Réadaptation de Nancy s’investit dans des programmes impliquant l’École Nationale des Arts et Métiers-ParisTech et la société PROTEOR, le plus grand groupe français investit dans l’appareillage, afin de développer des projets répondant aux réels besoins des patients ».
La question de l’accessibilité de tous à ces technologies
Les procédures d’inscription de ces nouveaux dispositifs à la « Liste des produits et prestations » sont lourdes en France d’où un certain désinvestissement des industriels. « Pour les rendre accessibles à tous ceux qui pourraient en bénéficier, nous plaidons pour des méthodologies d’études spécifiques au handicap : les patients sont peu nombreux, les situations très hétérogènes, les facteurs confondants multiples et les débouchés réduits ». Récemment pour les prothèses bioniques du membre supérieur, l’HAS a autorisé une procédure moins lourde avec en contrepartie un suivi de cohorte pour faire la preuve de la supériorité a posteriori. Les nouvelles prothèses sont certes plus coûteuses, mais une prothèse de qualité est un facteur d’intégration sociale, de productivité, des bénéfices indirects dont il faudrait tenir compte.
« N’oublions pas cependant que la technologie ne fait pas tout, conclut le Pr Paysant. Elle doit être cohérente avec le parcours global du patient, intégrée dans le processus de rééducation et d’apprentissage. Elle n’a de sens que dans le cadre du projet de vie formulé, par la personne et son entourage ».
D’après un entretien avec le Pr Jean Paysant, Institut régional de médecine physique et de réadaptation de Nancy, président de l’Association française pour l’appareillage, collaborant avec l’Union française des orthoprothésistes.
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