Avec une prévalence de près de 6% et une surmortalité en hausse de 1,7 % chaque année, la BPCO n’épargne pas les femmes.
En population féminine comme en population masculine, le tabac (mais aussi le cannabis fumé) est responsable de la très grande majorité des cas de BPCO (80 % dans les pays développés). La femme est même encore plus vulnérable au tabac : à consommation égale, la BPCO sera plus sévère chez elle vis-à-vis de la fonction respiratoire (VEMS plus bas) avec une destruction plus importante du parenchyme pulmonaire.
Pourtant le diagnostic de BPCO est moins souvent porté devant une fumeuse que chez un fumeur. Un sous-diagnostic lié pour partie aux idées reçues mais aussi au fait que certaines femmes BPCO « cachent » particulièrement bien leur jeu. Avec souvent peu d’indices, en dehors du tabagisme, permettant de repérer les patientes à risque, et des signes cliniques souvent peu spécifiques voire inexistants. Sans que l’on puisse le chiffrer de façon précise, une forte proportion de femmes ayant une BPCO est asymptomatique. Lorsque la maladie s’exprime, le tableau clinique comporte moins d’expectoration et moins de toux diurne mais plus de toux nocturne, de dyspnée et de fatigue.
L’âge n’est pas non plus un bon critère d’orientation. En effet, la maladie frappe de plus en plus tôt. « L’âge plutôt jeune des femmes qui développent une BPCO ne doit pas tromper, avertit le Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue au CHU de Bordeaux et coresponsable du groupe « Femmes et poumon » de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). Il est devenu courant de découvrir des BPCO chez des femmes entre 35 et 40 ans et souvent bien avant 60 ans. »
Fatigue ou essoufflement ?
Ainsi, « les femmes à risque de BPCO sont des femmes jeunes, qui ont commencé à fumer assez précocement et qui, la plupart du temps ressentent un essoufflement, résume le Pr Raherison-Semjen. Or ces femmes BPCO ne pensent pas à consulter car elles se disent uniquement « fatiguées » et non pas « essoufflées ». Et, lorsqu’elles consultent, le diagnostic de BPCO est trop peu souvent évoqué. Ces histoires sont caractéristiques et constantes : ces femmes se disent au bord de l’épuisement. Le médecin prescrit alors une NFS et, comme aucune anémie n’est mise en évidence, la fatigue est mise sur le compte d’une anxiété ou d’une dépression, sans penser à une pathologie respiratoire ». Et, lorsqu’une maladie respiratoire est malgré tout envisagée, c’est dans l’immense majorité des cas un diagnostic d’asthme qui est alors posé.
Polluants industriels en cause
Au-delà de l’exposition tabagique, les femmes qui travaillent en milieu industriel sont aussi plus susceptibles de développer une BPCO du fait d’une exposition possible à de nombreux polluants industriels inhalés. Comme pour le tabac, les femmes auraient une sensibilité accrue à ces produits. Par ailleurs, l’emploi fréquent de produits ménagers, tous irritants bronchiques, contribue à aggraver une hyperréactivité bronchique existante.
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