La France, mauvaise élève à l’égard du diabète ? Selon le « Panorama de la santé en Europe 2016 » de l’OCDE (voir ici), alors que la prévalence européenne moyenne du diabète chez l’adulte est de 7 %, la France figure bonne dernière avec une prévalence de 10 %. Triste réalité de terrain ou, à l’inverse, conséquence d’un dépistage très performant ? Difficile de trancher, d’autant que les données françaises contredisent ces chiffres : selon Santé publique France, la prévalence était de l’ordre de 5 % en 2015 pour le diabète traité avec une progression qui marque le pas depuis 2009. Même en incluant les diabétiques qui s’ignorent – 800 000 pour la fourchette haute –, on reste bien loin des estimations européennes.
Ce qui est certain, en revanche, c’est que la surmortalité liée au diabète de type 2 (DT2) reste élevée en France. Par rapport à ses voisins européens, l’Hexagone occupait la 10e place en termes de mortalité liée au diabète en 2009. Récemment, la dernière étude Entred publiée début novembre dans le BEH relevait pour la période 2007-2012 une surmortalité de 34 % pour les hommes et de 51 % pour les femmes.
L’un des facteurs incriminés est le diagnostic tardif de la maladie. Selon le BEH, les patients dont le diabète est découvert à la suite de symptômes ont un risque relatif de décès plus élevé (RR=1,19) par rapport à ceux dont le diagnostic est posé par dépistage. « Pourtant, reconnaît le Pr Serge Halimi (Grenoble), les choses tendent à s’améliorer, sutout en médecine générale où la glycémie est désormais l’examen biologique le plus prescrit. »
Facteurs de risque modifiables
L’obésité non morbide et la consommation de tabac sont les deux autres facteurs modifiables de surmortalité liée au DT2 en France. Cela rejoint le constat de l'OCDE selon lequel la France devrait accorder davantage de priorité à la prévention et à la promotion de la santé. L’effort doit aussi porter sur l’autonomisation des patients. Seule la moitié des diabétiques sous insuline se passerait de l’aide paramédicale. « C’est un marqueur de dépendance et une injonction à formaliser l’articulation entre les acteurs du système de santé de terrain », estime le Pr Halimi.
Autre bémol, en France, comme dans la majorité des pays européens, 50 % des diabétiques ne sont pas à l’objectif glycémique. Un pourcentage qui varie peu,du fait de l’inertie thérapeutique.
L’arsenal thérapeutique français parmi les moins dotés
Pourtant, la palette des médicaments s’enrichit mais en France l’accès aux nouveaux antidiabétiques oraux reste limité. Seule une molécule ayant démontré sa capacité à réduire la mortalité des diabétiques à haut risque (le liraglutide), est commercialisée en France. « Aujourd’hui, deux grandes classes thérapeutiques manquent à l’appel, les gliflozines surtout et les glitazones pour certains patients, regrette Serge Halimi. La situation française est particulière et préoccupante du fait du désengagement des laboratoires, témoin d’une politique de blocage de l’entrée des nouveaux antidiabétiques. » À l’heure actuelle, les médecins français ne sont plus en mesure de suivre les recommandations internationales dont le leitmotiv est un traitement à la carte. Parce qu’il ne s’agit plus de traiter uniquement la glycémie et les complications microvasculaires mais aussi le risque cardio-vasculaire, la Société francophone du diabète plaide pour un accès plus large aux antidiabétiques en France, à l’instar de la majorité des autres pays occidentaux.
La médecine générale de plus en plus mobilisée
Alors qu’un généraliste suit environ une cinquantaine de diabétiques, « la médecine de premier recours est indéniablement en train de se mobiliser pour investir son rôle de coordinateur et d’organisation des soins », souligne le Pr Halimi. Des protocoles de coopération se mettent en place, des actions comme Asalee se développent où une infirmière qualifiée prête main forte aux médecins pour gérer certaines maladies chroniques, au premier rang desquelles le DT2. Afin d’approfondir cette démarche, une Fédération de soins primaires a même vu le jour en novembre 2016. En parallèle, « la médecine générale se met à utiliser de nouveaux moyens thérapeutiques et à suivre un nombre croissant de diabétiques. Nous sommes en train de changer de paradigme », se félicite le Pr Halimi.
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