Les sites de rencontre permettent une privatisation de la rencontre, hors de son milieu et du regard des autres, et donc avec moins de jugement de valeur vis-à-vis d'une sexualité plus libre.
Alors que les jeux de séduction lors d'une rencontre classique font intervenir la feinte et l'exagération, les sites abrègent cette période de séduction, en modifient les contours. Il est possible d'aborder l'un ou l'autre sexe à distance, de façon anonyme, et de jouer la séduction sans s'exposer entièrement.
Un quart de personnes connectées
Une enquête téléphonique réalisée par l'IFOP fin 2017 et début 2018 à la demande du comparateur de sites de rencontres LACSE montre une fréquentation en hausse. Sur l'ensemble des personnes interrogées, âgés de 18 à 69 ans, 26 % ont rapporté s'être déjà connectés à un site ou une application mobile de rencontres, un chiffre en forte augmentation par rapport à 2006 (11 %) et 2011 (16 %). Pour les hommes, ces chiffres étaient respectivement de 33 %, 13 % et 18 %, et pour les femmes de 21 %, 9,4 % et 14 %. Globalement, la fréquentation de ces sites relève de trois types de motivation : la recherche d'un rapport sexuel, le souhait d'une rencontre s'inscrivant dans la durée et enfin dans le cadre d'une relation en convalescence.
Parmi les utilisateurs, 83 % ont échangé virtuellement ou en face-à-face (57 %). Et près de la moitié a déclaré avoir eu une relation affective ou sexuelle.
Après une rencontre via internet, 72 % des hommes et 47 % des femmes ont indiqué avoir déjà eu une relation sexuelle sans lendemain ; 65 % des hommes et 39 % des femmes un rapport sexuel sans chercher à revoir la personne enfin 33 % des hommes et 15 % des femmes ont rapporté avoir eu une relation sexuelle pour faire plaisir, sans véritable envie.
Plus de quatre hommes sur 10 et 28 % des femmes ont déclaré avoir cherché un partenaire via un site alors qu'ils avaient déjà un partenaire en dehors d'une relation de couple, et respectivement 41 % et 22 % alors qu'ils étaient déjà en couple.
Enfin, 80 % des hommes et la moitié des femmes ont rapporté avoir eu une relation sexuelle dès le premier rendez-vous.
Tous égaux ?
Des études menées sur certains sites ont en effet montré que 78 % des femmes jugées les plus attractives sont en compétition pour les 20 % des hommes les plus désirables et que les 80 % des hommes les plus mal placés en termes d'attractivité sont en compétition pour les 20 % des femmes les plus mal placées.
Les jeunes de moins de 25 ans constituent un groupe particulièrement discriminé : sur les sites généralistes, seuls 12 % de leurs messages reçoivent une réponse contre 30 % pour les 50-59 ans.
Autre groupe discriminé : celui des femmes de plus de 50 ans, les hommes de leur âge fraîchement séparés se tournant plutôt vers des partenaires potentielles plus jeunes.
Mais les sites de rencontres n'ont pas modifié la tendance à l'homogamie : on reste dans le même groupe social. Un phénomène d'ailleurs pris en compte par les sites qui se spécialisent.
Des pratiques en pleine évolution
Si l'âge médian du premier rapport sexuel est toujours de 17 ans, les premiers rapports avant l'âge de 16 ans sont moins fréquemment rapportés chez les personnes ayant des qualifications académiques.
Les hommes sont toujours plus nombreux que les femmes à déclarer avoir eu plus de 10 partenaires sexuels. Mais chez les femmes, le fait d'avoir eu plus de 10 partenaires est rapporté deux fois plus souvent chez les 16-24 ans que chez celles âgées de 65 à 74 ans, malgré une vie sexuelle plus courte. Le recours à l'auto-érotisme déclaré a été multiplié par 4 en 50 ans, et concernait les trois quarts des femmes en 2019. Une femme sur deux indique avoir déjà été sur un site pornographique, dix fois plus qu'en 2006 (4 %).
Chez les moins de 25 ans, un tiers a déjà reçu des photos d'autrui nu (sexting) et un quart en a déjà envoyé.
Ainsi, les pratiques sexuelles se diversifient, la pornographie fait partie du paysage pour les plus jeunes et l'invasion des smartphones a décuplé la disponibilité du visuel.
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