L’étude STARTER (1) a évalué la fréquence des ténosynovites infracliniques dans des polyarthrites rhumatoïdes (PR) en rémission et leur association avec un risque de rechute à 6 mois. Les patients inclus ont eu un examen clinique et échographique des articulations métacarpophalangiennes et interphalangiennes proximales, des poignets, des tendons fléchisseurs et extenseurs des poignets. Les ténosynovites ou synovites échographiques étaient évaluées en mode B et en Doppler (positif si› 0). La poussée était définie à 6 mois par une augmentation du DAS28 de plus de 1,2 ou de 0,6 si le DAS28 final était supérieur à 3,2, ou par une modification du traitement, ou encore par une augmentation de plus de 4 points du questionnaire « flare ».
Au total 427 patients ont été inclus avec une durée d’évolution de la maladie de 7,3 (3,8-13,5) ans ; 67,4 % étaient séropositifs (facteur rhumatoïde). Ils étaient en rémission depuis 12 (8-24) mois et avaient un DAS28 de 2,2 (0-8). 322 (75,4 %) étaient sous DMARDs, 183 (42,9 %) recevaient un traitement biologique et 187 (43,8 %) des glucocorticoïdes.
Les ténosynovites ont été identifiées chez 198/373 (53,1 %) patients en mode B et chez 88/372 (23,7 %) en mode Doppler ; elles étaient plus fréquentes chez les patients ayant le facteur rhumatoïde et des atteintes articulaires. Les synovites étaient présentes chez 270/368 patients (73,4 %) en mode B et chez 171/372 (46,5 %) en mode Doppler. Ce sont surtout les ténosynovites vues en mode Doppler qui sont importantes pour prédire les poussées et sont associées aux modifications observées sous traitement.
Le seuil choisi par les auteurs pour définir une ténosynovite en échographie mode B ou Doppler, ainsi que l’impossibilité de faire ce travail en aveugle du diagnostic de PR, atténue la portée des résultats obtenus. Toutefois, cette étude montre la relative fréquence des ténosynovites dans la PR en rémission sous traitement et souligne aussi l’intérêt de les rechercher principalement en mode doppler. Le lien avec une poussée est possible mais demande à être confirmé
Synovites et état de santé ressenti
Deux autres études ont évalué le lien, peu étudié jusqu’alors, entre la présence de synovites échographiques et le ressenti de la maladie par le patient.
Dans l’une d’elles (2), 71 patients traités par DMARD et anti-TNF et considérés en faible activité de la maladie ont eu une échographie de 26 articulations, gradées en mode B et Doppler. Le ressenti des patients a été évalué à partir de plusieurs questionnaires : HAQ : indice fonctionnel, SF-36 : qualité de vie (physique/mental), HADS anxiété et dépression, BRAF et FAS : fatigue, PCCL : stratégies de « coping » (« faire face aux difficultés »).
Des synovites infracliniques ont été identifiées à l’inclusion chez 64 % des patients en mode B (≥ 2) ou Doppler (≥ 1) et chez 68 % d’entre eux à 3 mois. 44 % avaient des synovites aux deux évaluations. À trois mois il n’y avait pas de différence dans les résultats des questionnaires selon qu’il existait ou non des synovites, à l’exception du score d’anxiété qui était plus élevé chez les patients sans synovites.
Dans l’autre étude (3) l’évaluation a porté sur le lien entre le score d’activité globale du patient utilisé dans le DAS28 et la présence de synovites échographiques au cours d’un suivi d’un an de patients débutant un traitement biologique. 213 patients ont été inclus dont 80 % avaient des anti-CCP et la durée moyenne d’évolution de la maladie était de 10,2 (8,6) années. Le score d’activité était évalué sur une échelle de 0 à 100 mm et l’échographie concernait 36 articulations et 4 tendons. Les scores étaient réalisés en mode B et en Doppler par le même échographiste. L’état ressenti par le patient a été apprécié par différentes échelles : le Rheumatoid Arthritis Impact of Disease (RAID) l’EVA douleur, le HAQ, le Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS), le score de catastrophisme. Les patients établissaient également un score de leur douleur sur 36 articulations.
À un an, 153 patients (72 %) avaient toujours le même traitement et tous présentaient une amélioration significative de l’état ressenti. Il existait une forte corrélation entre le score de catastrophisme et l’EVA activité globale, alors que ni le DAS28, ni les synovites échographiques n’étaient corrélés au catastrophisme. Au cours du suivi, il n’a pas été trouvé de corrélation entre le ressenti du patient et les synovites échographiques.
Les anomalies échographiques infracliniques n’ont donc aucun impact sur le ressenti des patients. Il faudra disposer d’études solides pour valider l’utilité sur le long terme de les détecter.
Ces données mériteraient également d’être confirmées sur des cohortes de PR récentes car la durée d’évolution de la maladie a probablement un impact négatif important sur le ressenti du patient.
(1) Bellis E et al, OP 0217
(2) Van den Ven M. et al THU 0108
(3) Hammer H.B et al THU 0099
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