Chez l'enfant, le paracétamol et/ou les AINS sont les antalgiques recommandés en première ligne. Néanmoins, les AINS (ibuprofène, notamment) restent sous-utilisés, malgré les nombreuses études montrant leur efficacité et leur sécurité d’emploi. « Les pédiatres français craignent d'éventuels risques gastriques, rénaux ou infectieux. Ces complications existent mais sont rares, notamment lorsque la prescription d'AINS est courte et réévaluée », affirme la Dr Anne Gallo, pédiatre algologue au CHU de Dijon, membre de Pediadol (association diffusant des recommandations sur la douleur de l'enfant). Aujourd'hui, l'association paracétamol/AINS est préconisée dans les douleurs modérées à intenses, y compris pour les infections ORL (pharyngite, otite, gingivostomatite) sur une durée courte, de 2 à 3 jours. Si la douleur persiste plus de 72 heures, l'enfant doit être réexaminé afin de vérifier l'absence de complication. Dans les douleurs modérées à intenses notamment celles qui ne répondent pas à l’utilisation du paracétamol et/ou des AINS, la codéine a longtemps été recommandée chez l'enfant de plus d'un an. Mais les décès et événements indésirables graves rapportés après son administration (notamment en post-amygdalectomie) ont conduit l’ANSM à élaborer de nouvelles recommandations en avril 2013. L'agence du médicament préconise, ainsi, d'utiliser la codéine après échec du paracétamol et/ou d’un AINS uniquement chez l’enfant de plus de 12 ans et de ne plus utiliser ce produit après amygdalectomie ou adénoïdectomie.
La morphine, alternative à la codéine
De nouvelles recommandations ont également été publiées par la HAS, en 2016, concernant les alternatives à la codéine. « Aujourd'hui, dans les douleurs moyennes à sévères, après échec du paracétamol et/ou des AINS, la codéine ne doit pas être remplacée systématiquement par le tramadol chez l'enfant de plus de 3 ans. Car des effets indésirables graves (respiratoires, notamment) peuvent également survenir avec le tramadol. La morphine orale est la molécule de choix, recommandée en cas d'échec des antalgiques de première ligne ou, d'emblée, pour les douleurs intenses », recommande le Dr Gallo. La morphine devra, à l'avenir, être mieux prescrite chez l'enfant. Cela implique de former médecins, soignants, pharmaciens et parents à son utilisation. « Le problème, aujourd'hui, c'est que nous n'avons pas de formes galéniques de morphine adaptées aux enfants. Nous disposons uniquement d'une solution buvable avec un compte-gouttes inadapté aux enfants de petits poids et aux prescriptions de courtes durées », confie le Dr Gallo. Dans le cadre de la commission pédiatrique de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) et de la commission douleur de la Société française de pédiatrie (SFP), une réflexion est, actuellement, en cours afin de pouvoir commercialiser à l'avenir des formes galéniques de morphine dédiées à l'enfant.
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