L’ÉNURÉSIE NOCTURNE est une miction involontaire pendant le sommeil chez un enfant de plus de 5 ans. Elle s’amende le plus souvent spontanément mais persiste toutefois dans 0,5 à 1 % des cas à l’adolescence et à l’âge adulte. Trois facteurs sont impliqués, parfois de façon conjointe : une polyurie nocturne, une hyperactivité du détrusor et un seuil d’éveil élevé.
Le diagnostic de l’énurésie est avant tout clinique, fondé essentiellement sur l’interrogatoire (caractéristiques de l’énurésie, exclusivement nocturne, ou également diurne, primaire ou secondaire, retentissement…) et un examen physique complet. La réalisation d’un calendrier mictionnel est utile pour déterminer la prise hydrique, la fréquence et le volume mictionnels.
Impliquer l’enfant.
La prise en charge de l’énurésie ne nécessite généralement aucun examen complémentaire mais elle requiert du temps. Lors de la première consultation il faut s’attacher à dédramatiser la situation, signifier à l’enfant et à ses parents qu’il n’est pas responsable de son énurésie, lui expliquer à l’aide de schémas simples le fonctionnement urinaire. L’implication de l’enfant dans son traitement est la condition sine qua nonde son succès. La première étape repose sur la tenue d’un calendrier indiquant les nuits sèches et les nuits mouillées, assortie de mesures générales : uriner régulièrement dans la journée et toujours avant le coucher, limiter les boissons le soir particulièrement les boissons sucrées, prévenir et/ou traiter une constipation. L’enfant sera par ailleurs encouragé à mener une vie normale.
À côté de ces conseils hygiénodiététiques, parfois suffisants pour corriger l’énurésie, les deux traitements de première ligne sont l’alarme et la desmopressine. Ils sont réservés aux enfants de plus de 6 ans qui sont gênés par leur énurésie. L’alarme réveille l’enfant dès l’émission des premières gouttes d’urine. Elle doit être utilisée pendant un minimum de 2 à 3 mois à l’issue desquels le traitement sera arrêté s’il n’a pas d’effet. Ce traitement requiert une forte motivation de l’enfant et une collaboration active des parents.
La desmopressine est un analogue de l’arginine vasopressine (hormone antidiurétique) ; elle est surtout efficace en cas de polyurie nocturne, à capacité vésicale fonctionnelle normale. La posologie initiale est habituellement de 120 µg sous forme de lyophilisat oral, le soir au coucher pendant 3 à 4 semaines. Si le traitement est inefficace à l’issue de ce délai, la posologie peut être portée à 240 µg avec une réévaluation au bout de deux semaines. S’il a un effet, le traitement sera poursuivi pendant 3 mois (6 mois maximum). Les deux thérapeutiques ont une efficacité comparable. L’alarme est plutôt indiquée en l’absence de polyurie nocturne et lorsque la famille est très motivée. La desmopressine est le traitement le mieux adapté aux enfants présentant une polyurie nocturne et lorsque l’alarme est refusée ou a échoué.
La stratégie consiste soit à laisser le choix du mode de prise en charge à l’enfant et aux parents après leur avoir présenté les avantages et inconvénients des deux traitements, soit à recommander la desmopressine aux enfants qui ont une polyurie nocturne et un volume mictionnel normal, et l’alarme aux autres. En cas d’échec de l’une, l’autre stratégie sera proposée.
Les enfants chez lesquels aucun de ces deux traitements n’est efficace relèvent d’une consultation spécialisée. Le traitement fait alors appel aux anticholinergiques éventuellement associés à la desmopressine, ou encore à un nouvel essai de l’alarme qui peut s’avérer efficace alors qu’elle ne l’avait pas été antérieurement.
Communication de G Läckgren (Upsal, Suède).
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