Près de 45 000 patients par an sont admis aux urgences en France et 40 % d’entre eux ont un examen d’imagerie. C’est ce que révèle une enquête nationale* menée auprès de médecins responsables de services de radiologie et d’urgence, sous l’égide de la Société française de radiologie et la Société française de médecine d’urgence. Les Journées françaises de radiologie diagnostique et interventionnelle s’en sont fait l’écho.
Dans 71 % des cas, l’examen réalisé en urgence est une radiographie standard, dans 23 % un scanner, dans 10 % une échographie et dans 4 % d’une IRM. Le pourcentage d’échographies semble particulièrement élevé, probablement parce qu’il s’agit d’urgences adultes et pédiatriques. Depuis quelques années, les indications de l’échographie en urgence chez les adultes ont en effet diminué au profit du scanner. Elle est privilégiée en pédiatrie et chez la femme enceinte, car elle n’est pas irradiante.
À quand la généralisation du scanner dédié ?
On observe que la mise à disposition d’un scanner dédié aux urgences (consultations aux urgences et demandes urgentes pour des patients hospitalisés), et aux services des urgences en particulier, est relativement peu développée dans notre pays. La plupart des examens de tomodensitométrie (82 %) se fait au niveau du service de radiologie central. À noter, en outre, que le scanner est utilisé aussi pour les actes de radiologie interventionnelle ou de drainage qui bloquent l’appareil pendant des durées plus longues que les examens, rendant son accès également plus difficile ou plus long. La difficulté d’accéder en urgence au scanner est susceptible de pénaliser la prise en charge de certains patients. En effet, aujourd’hui, c’est l’examen de référence de première intention pour de nombreuses pathologies, thoraciques, abdominales, neurologiques
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L’accès à l’IRM : un réel point noir
Quant à l’accessibilité à l’IRM, elle reste faible, et surtout limitée, dans la moitié des cas, aux heures ouvrables, alors que, si elle est indiquée, elle doit pouvoir être faite 24 heures/24.
Le Guide du bon usage des examens d’imagerie recommande l’IRM devant un certain nombre de symptômes. Or d’autres examens d’imagerie sont généralement réalisés avant d’accéder à l’IRM. En France, il existe 10,7 IRM par million d’habitants, la moyenne en Europe est de 20 et en Allemagne 27. Il faut toutefois se féliciter de l’augmentation du nombre de patients présentant un AVC qui ont une IRM : 22 % en 2014, alors qu’en 2008-2009, ce pourcentage ne dépassait pas 2 %.
Radios standards : une double lecture dans les cas difficiles
Quant à l’accessibilité et les délais d’obtention des radiographies standards, les praticiens sont satisfaits mais les urgentistes pointent la question de l’interprétation des clichés.
En effet, les délais pour les radiographies standards sont courts : moins de 3 heures pour 97 % des patients. Se posent en revanche deux problèmes : celui de la prescription, autrement dit des clichés demandés, et de l’interprétation en temps réel de ces radios. Il faut en effet disposer des bonnes incidences et de clichés de bonne qualité pour pouvoir les interpréter correctement. Il s’agit là de l’organisation et de la délégation de tâches auprès des manipulateurs.
En ce qui concerne l’interprétation, compte tenu du nombre de radiographies standards, il est impossible d’envisager que tous les clichés soient interprétés en urgence quasi en temps réel par un radiologue. Il n’y a que 18 % des radios qui sont lues en urgence par un radiologue. Là aussi il s’agit d’un problème d’organisation. Dans les cas de fracture évidente, le diagnostic est fait sans difficulté par l’urgentiste. Dans les cas difficiles, une lecture en différé des clichés par un radiologue doit être organisée.
D’après les communications des Prs Dominique Pateron, chef de pôle et responsable de service à l’hôpital Saint-Antoine (Paris) et Jean-Yves Gauvrit, responsable de l’unité d’imagerie neurofaciale, service de radiologie, du CHU de Rennes.
*Enquête menée en ligne par la société Adexsol auprès d’un échantillon de 100 praticiens en France, dont 61 radiologues et 39 urgentistes, du 29 août au 24 septembre 2014. Les praticiens ont été invités à participer à cette étude par la Société française de radiologie (pour les radiologues) et par la Société française de médecine d’urgence (pour les urgentistes)
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