Dépistage de la trisomie 21

L’ADN fœtal bientôt en non-invasif

Publié le 18/11/2013
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Crédit photo : BSIP

LE DÉPISTAGE combiné de la trisomie 21 – marqueurs sériques et évaluation échographique de la clarté nucale – a été mis en place en France en juin 2009 afin de permettre un dépistage plus précoce, de limiter les prélèvements invasifs et les risques qui y sont associés, et d’homogénéiser l’offre sur le territoire national, avec notamment un contrôle qualité pour les échographistes. Un travail réalisé par l’Agence de la biomédecine sur les données recueillies jusqu’en 2012 souligne la progression du recours au dépistage combiné au fil des ans. Il est passé de 1,9 % en 2009, à 40,6 % en 2010, 65,2 % en 2011 et 70,2 % en 2012. Parallèlement, le pourcentage de gestes invasifs a été réduit, passant respectivement de 9,6 %, à 6,7 % puis 5,5 % et enfin 5,2 % au cours de ces quatre années. C’était l’un des objectifs de ce dépistage combiné. Parrallèlement, la valeur prédictive positive du dépistage s’est améliorée (de 4 % en 2012 versus 1,3 % en 2009). « La qualité du dépistage n’a pas été modifiée, a précisé le Dr Bernard Broussin (centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal, hôpital Bagatelle, Bordeaux), les nombres de cas de trisomie 21 en anténatal et en postnatal sont restés fixes et stables. Parmi les voies de progrès : le contrôle qualité des échographies, qui sera tout aussi important à l’heure prochaine du diagnostic prénatal non invasif (DPNI). Cette méthode devrait être dans un premier temps réservé aux femmes à risque ».

Diminuer encore les fausses couches.

Le DPNI est réalisé à partir du sang maternel, dans lequel circule de l’ADN fœtal. Il consiste à extraire l’ADN circulant, trier celui qui provient du fœtus (moins de 10 % de l’ADN total), puis le séquencer et déterminer si le chromosome 21 est surreprésenté. Plusieurs techniques de DPNI, dont le coût reste élevé, sont développées par une douzaine de sociétés de biotechnologies dans le monde, basées sur un séquençage du génome entier ou plus ciblé. Avantage du DPNI, il promet une sensibilité et une spécificité de 99 % (SEQ21), avec toutefois certaines limites. En premier lieu : l’impossibilité de rendre un résultat chez environ 4 % des femmes, en raison de difficultés d’extraction fœtale. Par ailleurs, elle ne détecte pas les triploïdies, ni certaines mosaïques, microdélétions et duplications. À l’inverse, elle peut détecter une anomalie confinée au placenta, une mosaïque ou une tumeur maternelle, ou encore une anomalie sur un « vanishing twin » (jumeau dont le développement s’est arrêté.). « Ainsi, tout test positif doit conduire à une confirmation diagnostique par un prélèvement invasif », a insisté le Dr Alexandra Benachi (service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction, hôpital Antoine Béclère, AP-HP, Clamart).

L’étude SEHDA, à laquelle participent la France, la Belgique et Monaco, évalue chez des femmes à risque, à partir de 907 sérums, les résultats cliniques du test à large échelle dans notre pays. Elle s’intéresse également à la faisabilité technique (qualité des tubes, remplissage, casse lors du transfert…), au délai de rendu du résultat, au taux de non rendu ou encore à sa faisabilité pour le dépistage de la trisomie 18 et de la trisomie 13.

L’étude SAFE 21 devrait de son côté inclure 2 500 femmes à risque (définies par un dépistage combiné ou séquentiel intégré) et souhaitant a priori un diagnostic prénatal invasif. Elles seront randomisées diagnostic classique versus DPNI. Elle débutera en janvier 2014 et permettra de fournir des résultats en vraie vie.

D’après les communications des Drs Bernard Broussin, Alexandra Benachi et Laurence Bussières.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9281