«LES NOUVELLES recommandations, qui préconisent la vaccination HPV entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage jusqu’à 19 ans sans prise en compte de la vie sexuelle, collent à la vraie vie », s’est félicité le Pr Didier Riethmuller (Besançon). Une décision essentielle pour espérer, à terme, une meilleure couverture vaccinale alors que les données confirment l’efficacité de la vaccination. En Australie, pays qui a opté dès 2007 pour un programme élargi de vaccination (médecine scolaire plus rattrapage en médecine générale), les études ont fait état d’une baisse très rapide de la fréquence des condylomes, première manifestation clinique mesurable de l’effet de la vaccination HPV. En 2011, les condylomes avaient quasi-disparu dans la population féminine et masculine hétérosexuelle de moins de 21 ans. « Un constat qui souligne le côté altruiste de la vaccination qui bénéficie aux sujets vaccinés, mais aussi, grâce à une bonne couverture vaccinale, à la population d’hommes hétérosexuels non vaccinés », insiste le Pr Riethmuller. Dans la cohorte australienne, les lésions précancéreuses sont en diminution, ce qui laisse bien sûr espérer la confirmation, en population, de l’efficacité du vaccin en termes de prévention des cancers du col de l’utérus.
La qualité de la couverture vaccinale est un des facteurs clés du succès de la vaccination. Pour observer un bénéfice individuel et surtout un effet troupeau, il faut en effet qu’au moins deux-tiers de la population cible soit vaccinée, chiffre bien loin d’être atteint en France « où la couverture vaccinale est en baisse suite à la médiatisation de la "liste des 77 médicaments sous surveillance" », a indiqué le Dr Marie-Paule Bersani (Bordeaux).
L’abaissement de l’âge de la vaccination devrait permettre d’améliorer la situation. De fait, la France était l’un des seuls pays à préconiser l’âge de 14 ans, âge auquel les adolescents ne voient en général que peu souvent les médecins.
«Vers 11-12 ans, ce sont encore les parents qui gèrent les enfants et cette période offre l’opportunité de proposer de pratiquer conjointement le rappel DTCP – qui bénéficie d’une très bonne observance – et la première injection du vaccin HPV, a souligné le Dr Jean Sarlangue (Bordeaux). Les deuxièmes et troisièmes injections du vaccin HPV peuvent être faites en même temps que le vaccin contre l’hépatite B (selon un schéma à 2 doses) chez les pré-adolescents non antérieurement vaccinés et qui sont de plus en plus souvent à risque, en raison de la pratique de piercing et tatouages ».
Autre avantage potentiel de la vaccination plus précoce, comme pour tous les vaccins : une meilleure immunogénicité. Le discours autour de la vaccination, s’adressant à une population plus jeune et ne tenant plus compte du début ou non de la vie sexuelle, est désexualisé, ce qui rassure certains parents. « Le médecin parle de prévention du cancer et non plus de sexe », a insisté le Dr Sarlangue.
D’après les communications du Pr Didier Riethmuller, Besançon et des Drs Marie-Paule Bersani, Pau et Jean Sarlangue, Bordeaux.
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