Est-il légitime de recommander la prescription de metformine pour prévenir ou au moins retarder l’apparition d’un diabète de type 2 chez les patients à haut risque ? Ou faut-il continuer à miser de manière prioritaire sur l’amélioration de l’hygiène de vie et une perte de poids, même modérée ?
Le congrès de l’ADA a permis d’aborder cette problématique avec la présentation d’une étude ayant comparé, sur une longue période, les bénéfices liés à une bonne hygiène de vie à ceux liés à un traitement préventif par metformine. Le débat avait été lancé une première fois en 2001 avec le programme DPP, financé aux États-Unis par les National Institute of Health (NIH). Ce programme avait montré que, chez les patients à risque ayant adopté durant trois ans une hygiène de vie plus saine avec une perte de poids (7 kg) et une activité physique modérée (30 minutes/jour), le nombre de cas de diabète était réduit de 58 %. Chez les patients traités de manière préventive avec de la metformine, le bénéfice existait, mais était moindre (31 %).
Pour savoir si ces bénéfices se maintenaient dans le temps, une extension du programme DPP a été mise en place avec le Diabetes Prevention Program Outcomes Study (DPPOS) dont les résultats ont été présentés à l’ADA. Le premier enseignement est que ces bénéfices se maintiennent au bout de 15 ans de la façon suivante : – 27 % dans le groupe de patients avec une meilleure hygiène de vie et – 17 % dans le groupe metformine.
Même si la metformine ne fait pas complètement jeu égal avec une hygiène de vie améliorée, certains pourraient se demander s’il ne serait pas judicieux de délivrer le médicament à titre préventif, au moins pour certains patients ayant des difficultés à modifier leur style de vie. « Il faut rester très prudent, car il s’agit d’un sujet très complexe et même si ces études sont intéressantes, il n’est pas possible d’en tirer autre chose que des enseignements très généraux », explique le Pr Serge Halimi (CHU de Grenoble), ancien président de la Société francophone du diabète. « Pour l’instant, aucune étude n’a permis de dire quel pourrait être l’intérêt de la metformine associée à une hygiène de vie plus saine pouvant être maintenue sur une très longue période ».
Pour le reste, le Pr Halimi estime qu’il n’y a pas lieu de modifier les recommandations actuelles qui réservent la délivrance de metformine uniquement aux patients ayant un diabète patent. « Cette étude montre que, certes, la metformine donne de bons résultats mais il convient de rappeler qu’en France, tout comme dans un grand nombre de pays, sa délivrance pour la prévention du diabète de type 2 ne peut se faire qu’en dehors de l’AMM. Et, dans l’état actuel des connaissances, ce n’est pas une pratique que l’on peut encourager chez les généralistes. Ces derniers doivent surtout avoir à l’esprit que chez des patients à fort risque, on peut déjà obtenir une bonne prévention par des objectifs qui n’ont rien d’insurmontables : en particulier une perte de poids modéré de l’ordre de 5 % du poids total (4 à 4,5 kg pour un patient de 90 kg) obtenus dans les six premiers mois et maintenus à deux ans, avec une activité physique régulière (ne pas rester inactif plus de 7 heures par jour et au moins une demi-heure à trois quarts d’heure de marche ou de vélo tous les deux jours) ».
Session CT-SY27
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