Douleur chronique post-chirurgicale.

La neuropathie est un élément majeur

Publié le 12/12/2012
Article réservé aux abonnés

IL Y A ENCORE une quinzaine d’années, la littérature était relativement peu fournie sur les DCPC, jusqu’à ce que les centres spécialisés d’algologie alertent sur la proportion importante et croissante de nouveaux cas manifestement imputables à un acte chirurgical. Les chirurgies connues pour être les plus pourvoyeuses de DCPC sont la thoracotomie, la chirurgie du cancer du sein, la herniorraphie inguinale par abord direct avec plaque, la sternotomie, l’ostéotomie mandibulaire et le prélèvement de greffon iliaque. L’épidémiologie des DCPC reste encore très incomplète et l’on manque actuellement d’enquêtes de populations ciblées et de cohortes de longue durée.

On estime à 22 % la proportion de patients consultant dans un centre antidouleur pour une DCPC et à 25 % la part des douleurs consécutives à la chirurgie dans les douleurs neuropathiques. Par extrapolation, on arrive à un chiffre de 250 000 à 300 000 nouveaux cas de DCPC par an. Élément rassurant : l’incidence de ces douleurs diminue fortement avec le temps, -42 % à 3 mois, -37 % à 6 mois. Et leur intensité est le plus souvent modérée (0 à 35 % de formes sévères selon les études).

Plus de 30 % dans certaines chirurgies.

Une étude prospective multicentrique (EDONIS) a cherché à évaluer la fréquence de la DCPC en France et à préciser la part des douleurs neuropathiques. Elle a inclus 3 120 patients sur 40 centres dans neuf situations chirurgicales programmées, connues pour générer des DCPC. Le critère principal d’évaluation était l’incidence d’une douleur 3 à 6 mois après la chirurgie. Cette étude confirme la très forte incidence de DCPC, plus de 30 %, dans certaines chirurgies : mastectomie et thoracotomie, plus réduite dans la saphénectomie, la césarienne (20 %), la sternotomie, l’arthroscopie du genou, l’herniorraphie inguinale par abord direct, et relativement faible – inférieure à 10 % – dans les interventions avec abord cœlioscopique, cholécystectomie, herniorraphie inguinale.

La part du neuropathique dans ces DCPC est très variable selon la chirurgie : 71 % dans la mastectomie, 42 % dans la thoracotomie, 61 % dans la césarienne, 45 % dans la saphénectomie, 45 % dans la sternotomie, 23 % dans l’arthroscopie du genou, 45 % dans l’herniorraphie d’abord direct avec plaque ; elle est très réduite dans les chirurgies par cœlioscopie.

Le risque de survenue d’une DCPC neuropathique dépend principalement de facteurs physiques – l’existence d’une lésion nerveuse – mais également de facteurs psychologiques. Ses conséquences sont probablement plus graves, son traitement curatif différent de celui des DCPC non neuropathiques et la prévention par la kétamine semble peu efficace vis-à-vis de ces douleurs chroniques neuropathiques. Des études sur de grandes cohortes sont nécessaires pour mieux définir les possibilités de prévention et de traitement des DCPC neuropathiques.

D’après la communication du Dr Christian Dualé (Clermont-Ferrand)

 Dr H. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9205