Il n’existe jusqu’à présent pas de consensus sur le recours à la CHIP dans les cancers de l’ovaire (CO), malgré un rationnel fort. Le taux de récidives est élevé, malgré la chirurgie de cytoréduction et la chimiothérapie (CT). Or, la CHIP permet de cibler des lésions résiduelles microscopiques péritonéales, avec une synergie d’action entre la chimiothérapie et la chaleur. Elle augmente l’exposition locale à la chimiothérapie, tout en diminuant la toxicité systémique. En termes d’études cliniques, on dispose maintenant des résultats à dix ans de l’essai Ovhipec-1 sur les CO de stade III avancés et de Chipor dans le CO en rechute.
Une augmentation de la survie globale à dix ans
L'essai randomisé de phase 3 Ovhipec-1 a étudié l'ajout de la CHIP à la cytoréduction d'intervalle (1). Les patientes incluses étaient atteintes de CO épithéliaux non éligibles à la cytoréduction primaire, nouvellement diagnostiqués. Elles recevaient trois cycles de chimiothérapie néoadjuvante (carboplatine et paclitaxel) avant une cytoréduction complète (pas de tumeur visible) ou optimale (tumeur résiduelle de moins d’un centimètre de diamètre). Elles étaient randomisées pour recevoir ou non la CHIP (cisplatine à 42 °C et thiosulfate intraveineux pour la protection rénale). Après 4,7 ans de suivi, on observait une amélioration de la survie sans récidive (SSR) et de la survie globale (SG). Avec un suivi médian de 10,1 ans, 109 sur 122 patientes (89,3 %) du groupe CHIP et 114 sur 123 patientes (92,7 %) du bras contrôle ont présenté une récidive, une progression ou un décès. La SSR médiane est de 14,3 mois après CHIP versus 10,7 mois (HR = 0,63, p = 0,001) et la SG médiane de 44,9 versus 33,3 mois (HR, 0,70, p = 0,011). Au total, 82 % (après CHIP) versus 87,8 % des patientes sont décédées. Un traitement secondaire anticancéreux, y compris la chirurgie, a été nécessaire chez respectivement 82 % et 84,6 % des patientes.
« C’est la première analyse de survie à long terme après CHIP, qui en confirme le bénéfice dans le CO de stade III après cytoréduction d'intervalle, se félicite le Dr Samuel Aronson (Pays Bas). La CHIP améliore la survie globale et retarde les récidives, sans effet sur les thérapies ultérieures ».
Un bénéfice supérieur en cas de rechute
Soutenu par Unicancer, l’essai français de phase 3 Chipor (31 centres) fait pour la première fois la preuve du bénéfice de la CHIP, lors d’une première rechute sensible au platine d’un CO de haut grade, chez des patientes dont la plupart ont une extension péritonéale (2). Le traitement standard repose actuellement sur la chirurgie et la CT de seconde intention, la place de la CHIP restant incertaine et uniquement recommandée dans les essais cliniques.
Les 415 participantes ont été traitées par six cycles de CT à base de platine ; avec ou sans bévacizumab. Celles qui pouvaient bénéficier d’une cytoréduction de clôture ont été randomisées pour recevoir ou non la CHIP (cisplatine à 41 °C pendant 60 minutes), lors de la chirurgie. L'étude est largement positive avec une SG médiane (critère principal) de 54,3 mois dans le bras CHIP versus 45,7 mois (HR = 0,69, p = 0,019), une survie sans progression (SSP) de 11,2 mois versus 9,9 mois (HR = 0,72, p = 0,017), et une SSP péritonéale de 13,1 versus 12,2 mois. La toxicité rénale après CHIP est devenue identique à celle du bras contrôle après le recours au thiosulfate. Pour le Pr Jean-Marc Classe (Nantes) qui présentait l’étude, « il est indispensable de faire des efforts majeurs dans les cancers de l’ovaire où la survie reste de 20 % à cinq ans. Ces résultats devraient amener à modifier les pratiques en développant la CHIP dans les centres spécialisés ».
(1) Abstract 5509, Asco 2023
(2) Abstract 5510, Asco 2023
(3) Abstract LBA5507, Asco 2023
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