C’EST EN POUSSANT la porte du cabinet de son médecin, situé au premier étage d’un immeuble récent du 84 de la rue Paul Bert, qu’une patiente a découvert mardi le corps sans vie du Dr Guy Perrot. Elle a immédiatement appelé les secours, mais le praticien, dont le cabinet avait visiblement été fouillé, était déjà décédé, dans des circonstances que les enquêteurs de la Sûreté et de l’identité judiciaire doivent élucider. L’autopsie, réalisée mercredi, devrait déjà permettre de connaître les causes du décès. Pour l’heure, c’est surtout la sidération mais aussi l’indignation qui règne dans l’entourage professionnel de ce praticien.
Sollicité par « le Quotidien », le Dr Philippe Poucholle, aujourd’hui médecin du travail, mais qui a longtemps exercé la médecine générale dans le même arrondissement que Guy Perrot, se souvient très bien de ce confrère « diplômé des hôpitaux de Paris ». « C’était un type vraiment bien », indique le Dr Poucholle, faisant référence au temps où il travaillait au centre 15. « C’était un médecin dynamique qui prenait beaucoup de garde et se montrait passionné par son métier », ajoute-t-il. Le Dr Guy Perrot n’avait d’ailleurs pas désiré cesser son activité, à 69 ans passés.
Il était néanmoins « en difficulté », comme le révèle le Dr Patrick Romestaing, président du Conseil de l’Ordre des médecins du Rhône. En raison de l’enquête en cours, il n’a évidemment pas été en mesure de préciser la nature même de ces difficultés. « Alertés par un tiers, nous avions contacté ce médecin puis décidé de l’accompagner », précise Patrick Romestaing, qui ajoute que le Dr Perrot avait « une clientèle particulière ». Effectivement, ce généraliste « très ouvert », observe de son côté Philippe Poucholle, « acceptait tout le monde », en l’occurrence des patients en grande précarité. Depuis mardi soir, les enquêteurs de la Sûreté et de l’identité judiciaire tentent donc de trouver des indices et déterminer les circonstances de ce décès qui suscite déjà beaucoup d’émotions.
Sécurité.
D’autant plus qu’en août 2009, un autre médecin généraliste lyonnais, le Dr Jean-Pierre Terrien, avait été retrouvé mort à son domicile dans le 8e arrondissement de Lyon, sans que l’enquête n’ait abouti. Bien qu’aucun élément ne permette de relier ces deux affaires, hormis le décès des généralistes concernés, « deux, c’est déjà trop », réagit le Dr Romestaing, qui se dit « indigné et atterré de voir que ces événements se multiplient ». En mars dernier, à l’occasion d’un colloque national sur la souffrance des médecins, co-organisé à Lyon par les conseils de l’Ordre départemental et régional, il avait été souligné combien les médecins ploient littéralement sous le joug de difficultés d’exercice croissantes, mais aussi d’agressions verbales et physiques de la part des patients. Certes, il existe un Observatoire de la sécurité, à l’initiative du CNOM, mais « les médecins restent très discrets sur les agressions qu’ils subissent », déplore le président de l’Ordre du Rhône, qui craint que ces « affaires » n’aggravent encore plus la désaffection des jeunes pour la médecine générale.
Dans un communiqué, MG 69 et MGFrance Rhône-Alpes lui ont immédiatement emboîté le pas pour réclamer « de l’aide aux mesures de sécurisation des cabinets libéraux, en particulier ceux des médecins généralistes, qui sont les plus exposés ». C’est d’ailleurs à la suite de l’agression d’un généraliste de Vénissieux (69) en 1999, que la première maison médicale de garde de France avait vu le jour, dans cette même commune de la banlieue lyonnaise.
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