Le Ségur de la Santé a abouti à un plan massif d’investissement et de revalorisation à l’hôpital public. Les avancées en médecine de ville sont renvoyées à des négociations conventionnelles. Le regrettez-vous ?
Dr Jean-Paul Ortiz : L’hôpital public a bénéficié d’allocations de ressources et de budgets relativement importants. La médecine de ville doit, elle aussi, bénéficier d’un vrai plan d’accompagnement et de réorganisation. Le gouvernement devra faire un choix politique ! Il lui faut prendre conscience qu’il doit aussi soutenir la médecine libérale, en particulier après la crise du Covid. Il est évident que nous ne pourrons pas nous contenter de quelques dizaines ou centaines de millions d’euros. Aujourd’hui, les besoins sont très largement supérieurs. Nous estimons qu’il faudrait entre un et deux milliards d’euros pour la ville dans les deux années à venir. Or, le ministère souhaite renvoyer la négociation de la future convention après la présidentielle de 2022. Cela signifie que la convention actuelle serait prolongée de 18 mois.
Cela vous convient-il ?
Dr J.-P. O. : Je ne suis pas le maître des horloges, le ministre de la Santé est le maître en la matière. Cela peut me convenir si, d’ici à cette nouvelle convention, on nous donne les moyens de réorganiser la ville. Nous demandons donc que le cadre de négociation soit élargi et que les discussions qui s’ouvrent permettent aussi d’aborder la question de la rémunération de l’acte ! L’avenant conventionnel que nous allons négocier devra s’accompagner de moyens significatifs.
Quelles sont vos priorités ?
Dr J.-P. O. : Nous sommes favorables à une valorisation des soins non programmés et de la coordination entre médecins. De même, il importe de mieux rémunérer la rédaction du volet de synthèse médical et de doper la télé-expertise. Mais la priorité reste la valorisation des actes médicaux, en fonction notamment de leur contenu. Nous souhaitons que le champ des consultations complexes (46 euros) et très complexes (60 euros) soit élargi et que leur modèle soit simplifié. Il faut valoriser les visites des médecins chez les patients âgés ou qui ont du mal à se déplacer. Ces actes, qui répondent à un besoin de la population, doivent bénéficier d’un coup de pouce tarifaire. Nous ne nous contenterons pas de quelques cacahouètes.
À quelques mois des élections professionnelles, l’université d’été de la CSMF a pour thème « réinventer le syndicalisme ». Qu’est-ce que cela signifie en pratique ?
Dr J.-P. O. : Nous avons élaboré un nouveau projet politique qui s’appuie sur la revalorisation de l’acte médical et de la coordination entre les médecins et fait évoluer les statuts de notre syndicat. Nous allons restructurer notre siège pour en faire la maison de la médecine libérale. Il hébergera des start-up, une maison de la médecine spécialisée, un amphithéâtre… Nous défendons le métier de médecin, généralistes et spécialistes confondus. Nous avons beaucoup de choses à construire ensemble.
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