Les arômes des cigarettes électroniques se combinent avec les solvants pour produire de nouveaux composés chimiques potentiellement toxiques qui irritent les voies respiratoires (1). Les chercheurs ont examiné ce qui se passait lorsque les cellules de l’épithélium pulmonaire étaient exposées à des produits chimiques aromatisants, tels que la vanilline, le benzaldéhyde (saveur de baies ou de fruits) et le cinnamaldéhyde (saveur de cannelle). Ils ont aussi étudié l’effet des nouveaux composés chimiques qui se forment à la suite du mélange de ces produits aromatisants avec les principaux solvants des e-cigarettes, le propylène glycol et la glycérine végétale. Les nouveaux produits dérivés du benzaldéhyde et du cinnamaldéhyde étaient plus toxiques que ceux dérivés de la vanilline. Ces composés chimiques ont également activé les récepteurs nociceptifs TRPV1 et TRPA1, responsables de réponses inflammatoires.
Un additif synthétique non contrôlé
Une autre étude a porté sur des e-liquides à la menthe, à la vanille et à la mangue dans la principale marque américaine de cigarettes électroniques, Juul (2). Elle a comparé la composition de ces produits notamment en nicotine dans les e-cigarettes Juul vendues au Canada et en Europe (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie) où Juul a été introduite entre 2018 et 2019. Alors que la composition des e-liquides Juul était identique aux États-Unis et au Canada (jusqu’à 59 mg/ml de nicotine), elle différait des e-liquides disponibles en Europe (20 mg/ml selon la réglementation européenne). En plus d’une teneur en nicotine plus faible, les produits européens contenaient également des quantités plus faibles d’agents aromatisants par rapport aux produits américains. À une exception près : la quantité réduite de menthol dans l’e-liquide à la menthe a été remplacée en Europe par un additif synthétique WS-3. « WS-3 produit un effet rafraîchissant similaire au menthol, mais sans l’odeur. Or, la sécurité de l’inhalation de ce produit est inconnue », a déclaré le Dr Hanno Erythropel (États-Unis).
Les dangers des polyconsommations
Les nouveaux consommateurs, notamment les jeunes chez qui l’augmentation de la vape est exponentielle, font différents cocktails de produits (cigarette, tabac chauffé, e-cigarette…) à base de nicotine ou de cannabis (3). L’industrie du tabac étant très imaginative en ce domaine.
Or, de nombreuses études ont déjà mis en évidence que les problèmes respiratoires sont beaucoup plus importants chez les fumeurs à la fois de tabac et d’e-cigarettes, que chez les fumeurs de seules cigarettes. Une étude coréenne a également montré que ces doubles utilisateurs avaient un risque trois fois plus élevé de développer un syndrome métabolique par rapport à des non-fumeurs.
De plus, ceux qui utilisent plusieurs produits dérivés du tabac consomment plus souvent du cannabis, qui pourrait être plus dangereux pour les poumons que le tabac (bronchite chronique, toux chronique…).
Les données sont encore insuffisantes, mais le cannabis vaporisé semble plus nocif. On estime que près de 4 % de la population mondiale consomme du cannabis (en Amérique du Nord/Sud 8,4 % et en Europe 6,5 %), avec une augmentation de 30 % dans les vingt dernières années (4).
(1) Jordt SE et al. Flavor-solvent reaction products in electronic cigarette liquids activate respiratory irritant receptors and elicit cytotoxic metabolic responses in airway epitheliales cell. Abstract OA4384
(2) Erythropel H et al. Differences in flavorant levels and synthetic coolant use between USA, EU and Canadian Juul products. Abstract OA 4382
(3) Pisinger C. Now it is not only about cigarettes : dual, triple, poly-use of nicotine and cannabis products. What to expect (focus on lung health). Oral presentation.
(4) Burnham EL. What we know and what we do not know about cannabis health effects : a concern for lung health ? Oral presentation.
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