Autre témoignage anonyme d’une directrice d’hôpital, en poste dans l’Ouest de la France, s’estimant victime d’un « deal » entre son ARS et un syndicat de personnel.
« Je dirige depuis plusieurs années un hôpital qui a toute sa place dans l’offre de soins locale, et que j’ai totalement restructuré et reconstruit pour améliorer l’accueil des patients et les conditions de travail. Ce projet innovant a rendu attractif cet hôpital qui était un peu d’arrière-garde. Le problème tient à la forte pression syndicale locale. Par mon opiniâtreté, je dérange un responsable syndical en campagne pour les élections du 20 octobre, et qui a toujours voté contre le projet de restructuration. Lorsque j’ai eu un accident du travail il y a quelque mois, l’ARS m’a fortement incitée - par oral - à ne plus retourner dans l’établissement. Quand j’ai demandé pourquoi - je n’ai pas de déficit, je suis un gestionnaire responsable et rigoureux, et reconnue pour cela -, on m’a répondu que c’était très compliqué et politique. L’Agence a été d’une malhonnêteté extraordinaire, en me disant que c’était une décision du cabinet du ministre, ce que j’ai cru. Jusqu’à ce que j’apprenne que c’était un mensonge. Le mois dernier, je suis allée consulter mon dossier au Centre national de gestion. Je n’y ai pas trouvé de lettre du ministre, mais une lettre du secrétaire général de la centrale syndicale qui demande ma tête. Je fais les frais d’un deal. L’ARS a cédé à la pression d’un syndicat pour préserver la paix sociale dans la région. C’est extrêmement démotivant.
Les directeurs d’hôpital sont considérés comme peau de chagrin par l’ARS. Un collègue qui négociait un plan de retour à l’équilibre a été désavoué par l’Agence qui a donné raison aux syndicats après plusieurs mois de mobilisation. Depuis, il passe pour un rigolo de service, et redoute d’être le prochain à abattre. La loi HPST est utilisée comme un moyen de répression, or l’injonction n’a jamais fonctionné. Il faut mettre les acteurs autour de la table, et cesser de nous déstabiliser ».
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