Un particulier ayant un taux anormal de cobalt dans le sang des suites d’une implantation de hanche métallique, assigne en justice le fabricant, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la caisse primaire d’assurance-maladie de Toulon, ont signalé les avocats en charge de l’affaire.
Les faits remontent à février 2010, Frédéric Simon, 46 ans, a été opéré de la hanche droite et a reçu une prothèse de hanche « de type métal-métal de la marque Smith & Nephew ». Le particulier « a commencé à se plaindre de nausées, de perte de poids (100 kg en 2010, 70 kg en 2011 et stabilisation), de perte de sommeil », écrivent Mes Marion Rambier et Laurent Gaudon, les avocats de M. Simon, dans l’assignation consultée par l’AFP.
Après avoir entendu « un grincement équivalent à celui d’une porte rouillée », une analyse de sang fait « apparaître un taux de cobalt de 4,2 microgrammes par litre, soit plus de quatre fois la dose maximum communément admise », précise Me Gaudon, avocat spécialisé en santé publique. L’assignation précise aussi que l’ensemble des spécialistes consultés expliquent la présence de ce taux élevé de cobalt dans le sang « par une usure anormale de la prothèse de hanche type métal-métal ». Frédéric Simon est alors réopéré de la hanche le 4 août 2014 afin de remplacer la prothèse défectueuse.
Les prothèses de hanches métal-métal sous surveillance depuis 2010
« En vérité dès 2010, le rappel mondial des prothèses de hanches (...) métal sur métal par (la société américaine) DePuy avait sonné le glas de cette technologie. Pour autant, non seulement certains fabricants - tel que Smith & Nephew - avaient continué à commercialiser ces prothèses, mais surtout cette commercialisation s’était faite avec l’aval des autorités sanitaires de santé », écrivent-ils dans leur assignation.
Les avocats demandent au tribunal de Bobigny la désignation d’experts afin de démontrer le lien de causalité entre la prothèse et l’état de santé de leur client, et, le cas échéant, de faire procéder à son indemnisation. L’audience est prévue le 3 juin prochain.
Des recommandations publiées et accessibles depuis 2012
Après la plainte, l’ANSM a rappelé sur son site les recommandations qu’elle avait émise en 2012 et fin 2014. Les prothèses de hanche en métal sont sous surveillance depuis le rappel mondial en 2010. La Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT) a réagi en expliquant que ce phénomène était marginal. Le SOFCOT a avisé tous ces chirurgiens des modalités de suivi des patients porteurs de prothèses, établies avec l’ANSM.
« Nous recommandons la surveillance et le suivi de tous les patients présentant tout type de prothèse de hanche. Ces recommandations ont été émises en mars 2012 et décembre 2014 », explique le Pr Charles Msika, porte-parole de la SOFCOT. Une cobaltémie élevée au-delà de 7 ou 10 µg par litre, impose, en l’absence d’autres causes, une révision chirurgicale après mesure du rapport bénéfice/risque.
En revanche, si le taux est compris entre 2 et 7 µg/l, une nouvelle cobaltémie est envisagée trois mois après. En cas de persistante ou d’aggravation de l’élévation une révision peut être envisagée. Quant aux conséquences sanitaires, un taux élevé de cobalt dans le sang peut engendrer « une toxicité neuro-oculaire, cardiologique et thyroïdienne », explique le Pr Msika. Cependant, il est difficile d’établir le lien de causalité car les cas observés sont isolés et il existe « des différentiels de mesures entre les laboratoires », poursuit-il. Les publications scientifiques disponibles concernent des travaux menés aux États-Unis et en Angleterre. En 2013, environ 3 000 personnes se sont fait poser des prothèses de hanche à couple de frottement métal-métal en France.
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