20 à 30 % des motifs de consultation en médecine générale sont d’ordre psychologique ou psychiatrique. Face à cette afflux de recours, les médecins traitants peuvent être démunis pour prendre en charge tous les patients. Pour les épauler, l’URPS médecins libéraux d’Occitanie a décidé d’agir en mettant en place un dispositif de soins partagés en psychiatrie (DSPP) liant la ville et l’hôpital.
« Chaque médecin généraliste a son propre réseau, explique le Dr Michel Combier, médecin généraliste et secrétaire général de l’Union. Pourtant, les délais étaient très longs pour avoir un avis de spécialiste, les urgences et filières psychiatriques étaient saturées, même dans des départements bien pourvus en médecins comme la Haute-Garonne. D’où notre volonté d’agir là-dessus dès 2012. »
Le DSPP a été mis en place fin 2016. Il accueille son premier patient début 2017 dans l’agglomération toulousaine, avec l’aide de l’agence régionale de santé (ARS) via le fonds d’intervention régional (FIR), en se basant sur un modèle existant dans le sud des Yvelines.
Le principe est simple : face à un patient concerné par des troubles mentaux légers à modérés, le généraliste peut échanger avec les professionnels du dispositif – une équipe de psychiatres, psychologue et infirmiers – grâce à une messagerie sécurisée commune. En pratique, le patient est contacté et évalué d’abord par une infirmière spécialisée, puis reçu en consultation par un psychiatre, qui opère un retour au généraliste sous une dizaine de jours maximum. Dans ce modèle partagé, le MG reste chargé du suivi du patient et de la mise en œuvre de la stratégie thérapeutique adaptée. Ce dernier construit un projet de soin personnalisé – soit de soins partagés, soit de suivi spécialisé (psychiatres libéraux, centre médico-psychologique ou hospitalisation).
Renforcer le lien ville-hôpital
« L’objectif de ce dispositif est d’avoir le meilleur parcours possible pour le patient, mais aussi d’améliorer les échanges collaboratifs et les liens entre la ville et l’hôpital, précise le Dr Maurice Bensoussan, président de l’URPS ML d’Occitanie et psychiatre en charge de la coordination du dispositif. Il y a deux psychiatres libéraux et un hospitalier, et nous travaillons en partenariat avec le CHU de Toulouse et le centre hospitalier Gérard Marchant, spécialisé en psychiatrie. »
Outre le médecin coordonnateur et les psychiatres, deux infirmières, une secrétaire et une psychologue complètent le dispositif. À la fin 2019, environ 400 généralistes avaient utilisé ce réseau partenarial et formulé 907 demandes d’avis. En tout, 635 patients ont été reçus en consultation spécialisée (pour 1 054 consultations). La moitié de ces patients présentaient un épisode dépressif (30 %) ou des troubles anxieux (20 %).
Des forfaits article 51
Articulé avec une expérimentation de prise en charge de thérapies non médicamenteuses, menée par l’Assurance-maladie dans quatre départements (dont la Haute-Garonne), le DSPP satisfait les généralistes. « Je le vois dans la maison de santé pluriprofessionnelle universitaire où j’exerce, avec les jeunes généralistes qui viennent de s’installer, souligne le Dr Combier. Grâce au dispositif, ils ont un outil immédiat qui créé du lien. »
Au point que le dispositif a pris du galon et intégré les expérimentations autorisées dans le cadre de l’article 51 (innovation organisationnelle) depuis le début de 2021. Pendant cinq ans, il bénéficiera d’une rémunération articulée autour de forfaits : l’un pour l’orientation des demandes (360 euros par patient), le second pour l’orientation et le suivi (534 euros par patient), dans le cadre d’une prise en charge de 16 semaines en moyenne. Un troisième forfait de consultations de psychologues (228 euros par patient pour 6 séances) pourra être déclenché au besoin. « À terme, espère le Dr Maurice Bensoussan, l’idée est d’étendre le DSPP plus largement dans la région, voire au niveau national. »
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