Celui qui cherche des sources d’inspirations pour de futures délégations de tâches ou de nouvelles professions de santé intermédiaires a la tâche relativement aisée : il lui suffit de porter son regard hors de nos frontières.
Infirmières spécialisées au Canada
Au Québec, on les appelle des « super-infirmières », mais leur nom officiel est « Infirmière praticienne spécialisée » (IPS). Il s’agit de professionnelles qui, après au moins deux ans d’exercice infirmier « classique », ont effectué deux ans de formation supplémentaires pour se voir confier des activités habituellement réservées aux médecins : prescription d’examens diagnostiques ou de médicaments, utilisation de techniques invasives, etc. Et un projet de loi déposé le 9 octobre dernier par la ministre provinciale de la Santé Danielle McCann propose même d’aller plus loin : il envisage notamment d’autoriser les IPS à « diagnostiquer les maladies courantes » ou encore à « effectuer le suivi de grossesses normales ou à faible risque ». Nos IPA françaises pourraient vouloir en prendre de la graine.
Supers assistants aux USA
Aux États-Unis, il faut toujours se méfier des traductions. Ce qu’on y appelle des « French fries » n’a pas grand-chose de français, et ce qu’on y appelle un « physician assistant » n’a rien à voir avec les assistants médicaux qui ont fait couler tant d’encre ces derniers mois de notre côté de l’Atlantique. Les physician assistants sont en effet titulaires d’un diplôme de niveau master. Ils diagnostiquent des pathologies, prescrivent des traitements, et assurent le suivi des malades, si bien qu’ils « représentent souvent le principal soignant pour le patient », selon les mots de leur organisation professionnelle, l’American Academy of Physician Assistants (AAPA). Ils exercent avec un grand degré d’autonomie, à tel point que l’AAPA a lancé en 2018 une grande enquête pour débarrasser leur profession du terme d’assistant, et du lien de subordination que celui-ci sous-entend : selon les résultats, publiés en mai dernier, 90 % des physician assistants estiment que ce mot ne reflète pas le rôle qu’ils jouent auprès des patients.
Pharmaciens prescripteurs à la mode helvète
En Suisse, la dispensation en officine de médicaments normalement sous prescription médicale obligatoire est un débat qui court depuis 2012, date de l’introduction d’un système baptisé NetCare. Celui-ci permet au pharmacien de se passer d’ordonnance dans le cadre d’arbres de décision définis dans 25 protocoles distincts. En tête des protocoles les plus fréquemment utilisés, on trouve ceux qui concernent la cystite et la conjonctivite. Si le pharmacien le juge nécessaire, il peut recourir à une vidéo-consultation avec un médecin d’un centre de télémédecine ou un praticien local, qui peut au besoin envoyer une ordonnance. La participation au programme se fait pour les pharmaciens sur la base du volontariat, après une formation. D’après PharmaSuisse, l’organisation professionnelle des pharmaciens helvètes qui gère le projet, NetCare est utilisé dans 350 des 1 800 pharmacies du pays.
Article précédent
La santé au travail, pionnière ?
Article suivant
« On ne peut pas continuer à faire du tout-médecin »
La santé au travail, pionnière ?
La France a-t-elle un temps de retard ?
« On ne peut pas continuer à faire du tout-médecin »