Pronostic vital engagé... Tout le staff médical de Beaujon s'affaire autour du jeune corps plongé dans le coma depuis l’accident. Cela fait déjà deux semaines que cela dure. La patiente, c'est Leïla Daddi*, qui a aujourd'hui 17 ans. C'était il y a deux ans et son ambition était déjà de devenir médecin. Ce qu'elle a toujours voulu être. Et pourtant...
Prendre sa revanche à l'hôpital en étant de l'autre côté !
Les médecins ? Elle les connaît bien. Toute petite déjà, Leïla devait régulièrement se rendre à l'hôpital Necker. Sa santé fragile la contraignait à de régulières transfusions. La petite patiente âgée de 11 ans, appréciait la qualité des soins prodigués et la compétence et la gentillesse du corps médical. Une vocation est ainsi née chez celle qui décide que désormais, « moi aussi, je veux soigner et soulager ! »
Aujourd’hui à Achères dans le département des Yvelines, la gracieuse jeune femme à la longue chevelure de jais, explique avec force détermination, combien il était important pour la petite fille souvent malade de « prendre sa revanche à l'hôpital en étant de l'autre côté ! ». Avant, un grand-père chef de clinique en Algérie, qui aimait lui conter le déroulé de ses journées lorsqu'elle était en vacances, a certainement eu, une petite influence sur son choix.
La médecine sinon rien… Dans le système Parcoursup ( site officiel qui collecte les souhaits d'orientation avant de décider de l'affectation des lycéens), Leïla n'a émis que des vœux pour la PACES, hormis une licence scientifique santé ! Un pari audacieux, mais payant, puisque la courageuse candidate a été acceptée à la fac de Saint-Quentin en Yvelines mais préférerait la fac de médecine de Paris-Diderot où elle s'est déjà fait des amis ou encore celle de Paris-Sorbonne. Elle est sur liste d'attente. Et celle qui « a toujours aimé l'école » se donne tous les moyens pour réussir en médecine, particulièrement en hématologie.
Elle passe un bac aménagé, mais en profite pour prendre de l'avance sur la PACES
Mais elle revient de loin. En mai 2016 un accident, d'une extrême gravité, remet tout en question pour ses études en général et pour la médecine en particulier. Un traumatisme crânien avec hémorragie cérébrale et trois fractures du bassin altèrent aussi bien ses capacités intellectuelles que motrices. Après être sortie du coma, l'ex-championne d'Ile-de-France de boxe anglaise se retrouve en fauteuil roulant, incapable de communiquer. « Je me rendais compte de la perte des compétences acquises, de ma mémoire et de mon raisonnement défaillants… Je devais remettre en question mes choix, la médecine ! »
Le staff de praticiens est sceptique sur tous les plans. Mais c'était sans compter sur l'opiniâtreté de Leïla qui contre toutes attentes réussit à quitter son fauteuil au bout de deux mois. Grâce aux quatre heures quotidiennes qu'elle s'est imposée. « Je suis très organisée, je calcule et contrôle tout dans ma vie. » Et de fait, Leïla ne renonce jamais, s'obstine et se fixe elle-même les rythmes et échéances de sa rééducation cérébrale et motrice.
Les professionnels de santé et le corps professoral l'ont convaincue d' accepter un aménagement afin de clore ses études secondaires. Et Leïla a passé, haut la main, la moitié du bac en 2017. L'autre partie s'est faite cette année mais – tenez-vous bien ! – incorrigible et déterminée, elle a réussi à prendre de l'avance grâce au tutorat et à certains cours de médecine suivis avec des carabins de PACES !
* Les nom et prénom ont été changés
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