LE QUOTIDIEN : Êtes-vous favorable à un service sanitaire dès le 1er cycle ?
YANIS MERAD : Nous avons sondé les étudiants pour savoir s'ils préféraient réaliser le service sanitaire lors du premier ou du second cycle et la réponse est plutôt le premier cycle. Cette position a été portée auprès du Pr Loïc Vaillant [pilote de la mission service sanitaire NDLR].
Le service sanitaire doit surtout être intégré de manière harmonieuse dans nos cursus, ne pas empiéter sur les stages de sémiologie au 1er cycle et ne pas ajouter une charge de travail supplémentaire à l'étudiant en médecine. Il faudra donc supprimer autre chose ! En revanche, comme une réforme du second cycle est envisagée, le service sanitaire pourrait basculer en quatrième année à condition qu'on réinvente la régulation des ECN et qu'on laisse de la place à la prévention.
Pourquoi est-il si important d'intégrer la prévention dans le cursus ?
Actuellement, il y a une survalorisation des soins curatifs et des soins hospitaliers de troisième recours. L'action de prévention est très peu présente dans notre formation. Seulement quelques associations d'étudiants ont déjà monté des projets pour intervenir dans des établissements sur la thématique de la vie sexuelle. Le service sanitaire doit donc être un outil pour prendre le virage de la prévention dans la formation. La nouvelle génération de médecins doit être sensibilisée à ces enjeux.
Le schéma du service sanitaire propose un temps de formation, qui est indispensable. Cette formation devra être de qualité pour qu'on n’envoie pas des étudiants faire des actions de prévention sur une thématique qu'ils ne maîtrisent pas. Et nous préférons que les étudiants choisissent eux-mêmes leur projet car c'est plus épanouissant.
Pour les modalités, tout dépendra de l'organisation des facultés. Nous sommes ouverts sur les terrains de stage. Le milieu carcéral est évoqué, c'est un terrain intéressant mais il faut être très vigilant car certaines actions pourraient être plus difficiles à gérer émotionnellement.
Le calendrier est serré. Vos craintes sur la faisabilité de la réforme sont-elles dissipées ?
Nous sommes vigilants car la réforme est ambitieuse mais le calendrier très exigeant. Mettre en place le service sanitaire nécessite que les UFR aménagent leur calendrier universitaire et les programmes d'enseignements. Les doyens devront s'atteler à la recherche des terrains de stage. Les textes doivent être publiés rapidement pour permettre aux facs d'agir.
Le service sanitaire, c'est une réforme positive mais il serait dommage qu'elle soit bâclée. L'objectif est aussi de donner aux étudiants une belle image de la prévention et des clés pour leur carrière. Si les stages ne sont pas à la hauteur, on va se retrouver avec des étudiants dégoûtés de la prévention…
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