« La mise en place du service d’accès aux soins (SAS) représente un vrai changement de paradigme dans la réponse apportée à nos concitoyens pour la prise en charge des soins qu’ils considèrent comme relevant d’un besoin urgent. Et tout l’enjeu est d’arriver à coconstruire un système de réponses adaptées avec toutes les filières de prise en charge, en premier lieu bien sûr la médecine générale », explique le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France.
La mise en place du SAS est la toute première mesure du Pacte de refondation des urgences présenté en septembre 2019 par la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Cette mesure part d’un constat : aujourd’hui, 43 % des patients accueillis aux urgences pourraient être pris en charge dans un cabinet, une maison ou un centre de santé, sous réserve d’avoir pu trouver un rendez-vous le jour même ou le lendemain. « L’afflux encore trop systématique aux urgences provient en partie du fait que l’accès aux soins sans rendez-vous mais urgents repose aujourd’hui sur des canaux multiples, sans qu’aucun ne soit ni exhaustif ni complet dans son offre. Que ce soit pour la prise de rendez-vous, pour des conseils médicaux ou encore une téléconsultation, il existe une trentaine de services et de canaux différents sur le territoire et l’usager n’est pas toujours en mesure d’en tirer tout le bénéfice », souligne le ministère de la Santé.
Un guichet unique pour le territoire
L’objectif est que le service soit territorial et piloté par les acteurs hospitaliers des Samu et les professionnels libéraux des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), en lien étroit avec les services de secours. « Voué à combler la fracture sociale et territoriale que nous connaissons, ce service sera accessible de la même manière pour tous les Français, quel que soit leur lieu de résidence ou leur insertion dans le parcours de soins », précise le ministère.
L’idée, selon le Dr Braun, est que ce SAS se mette en place sous la forme d’un « guichet unique », co-construit avec la médecine générale mais aussi la psychiatrie, les centres anti-poison, les transporteurs sanitaires. « Il faut impliquer toutes les filières de prise en charge des soins vitaux ou non urgents mais ressentis comme tels par la population. Et l’objectif est qu’il n’y ait pas une organisation qui dépasse les autres mais que chaque filière participe avec ses spécificités. Avec un principe immuable, celui d’une orientation des patients par la régulation médicale », indique le Dr Braun en espérant que sera mis en place, à terme, un numéro santé unique.
Vers une fusion des numéros santé ?
Selon le président de Samu-Urgences de France, ce schéma a bien fonctionné au plus fort de l’épidémie de Covid en mars-avril. « On a alors vu tout l’intérêt de dire à nos concitoyens d’appeler le 15. Certains Samu se sont alors mis en organisation SAS, avec un décroché très rapide par les assistants de régulation médicale, une évaluation très courte de la gravité de l’appel puis une orientation soit vers la médecine générale, soit l’aide médicale urgente, soit des salles dédiées au Covid. Et, grâce à cette organisation, on a eu des résultats bien meilleurs malgré l’augmentation très forte des appels vers le 15 qui, dans certains endroits, ont été multipliés par quatre », estime le Dr Braun.
La mise en place du SAS est acquise, mais un certain nombre de sites pilotes vont quand même être développés sous l’égide de la DGOS. « Il devrait y en avoir entre 10 et 15, et les premières conclusions devraient être rendues en 2021. L’objectif est de voir comment mettre en application cette nouvelle doctrine en fonction des spécificités des territoires », indique le Dr Braun.
Entretien avec le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France.
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