L’arrivée de l’automne s’annonce morose dans les services d’urgence. « Durant le confinement et la crise aiguë du Covid, nous avons pu constater qu’il était possible de travailler mieux et de manière plus efficace. Mais là, on a l’impression qu’on revient tout droit à nos mauvaises habitudes », indique le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France, en espérant toutefois que certaines leçons de cette crise sanitaire pourront être retenues.
Premier constat : l’irruption du coronavirus a gelé une bonne partie des mesures annoncées en septembre 2019 dans le cadre du Pacte de refondation des urgences. Les professionnels avaient alors eu le sentiment que le gouvernement avait compris l’ampleur du problème. « Ces dernières années, l’activité des urgences a connu une augmentation continue, comme c’est le cas également chez nos voisins européens. Ainsi, le nombre de passages annuels a doublé en 20 ans, atteignant plus de 21 millions en 2017 », soulignait le ministère de la santé en lançant ce Pacte.
Le pacte de refondation des urgences, victime collatérale du Covid ?
Un des objectifs du Pacte, est de mieux faire travailler ensemble les urgentistes et les médecins généralistes pour éviter que trop de patients, pouvant être pris en charge en médecine de ville, ne viennent engorger les services d’urgence. « Et pendant la crise, nous avons fait la preuve qu’il était possible d’avoir une bonne collaboration avec nos collègues généralistes », souligne le Dr Braun, en relevant aussi que, durant cette crise, des gros progrès ont été constatés dans la fluidité des parcours. « Cela a eu un effet positif sur le problème majeur des urgences qui est bien sûr l’aval et le fait qu’un trop grand nombre de gens stagnent dans les urgences faute d’un nombre suffisant de lits d’hospitalisation », indique le Dr Braun.
Le problème est qu’en cette rentrée, la question de l’aval redevient un sujet de préoccupation majeure. « On peut même dire qu’on revient à une situation assez catastrophique. La situation actuelle est, il est vrai, très particulière. D’un côté, la crise du coronavirus est très loin d’être terminée. Et nous avons chaque jour un peu plus de patients Covid même si la situation n’a rien à voir avec celle de mars-avril. Et ce sont des patients qu’il faut placer à l’isolement, ce qui n’est pas toujours simple car les capacités d’hospitalisations se sont réduites. Certaines directions, en effet, ont profité de cette crise pour fermer toutes les chambres à deux lits », indique le Dr Braun. « L’activité est redevenue celle d’un début d’automne normal avec, outre les patients Covid, la nécessité de faire de nouveau face à toutes les activités programmées et rattraper toutes les interventions qui ont été reportées à cause du confinement. On a un peu l’impression de payer notre fluidité de la crise avec une sursaturation des lits d’aval », indique le Dr Braun, en reconnaissant comme un certain désenchantement parmi les urgentistes. « Les professionnels ont constaté qu’on pouvait faire mieux et que cela marchait bien. Et maintenant, on leur dit qu’il faut que tout redevienne comme avant », regrette le président de Samu-Urgences de France.
Exergue : « La situation redevient catastrophique au niveau de l’aval »
Entretien avec le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France
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