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Dossier

Santé des femmes

À chaque pathologie ses femmes à risque !

Publié le 12/05/2017
À chaque pathologie ses femmes à risque !

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Si certaines pathologies touchent plus volontiers voire exclusivement la population féminine, à l’inverse, des affections classiquement attribuées à l’homme, comme la BPCO, concernent de plus en plus le « sexe faible ». Mais toutes les femmes ne sont pas exposées de la même façon. Facteurs génétiques, éléments médicaux, âge, niveau social, environnement professionnel, etc. Comment cibler au mieux les femmes à risque ?

Repérer les femmes à risque… Début avril, Marisol Touraine a rendu sa copie sur les nouvelles modalités de dépistage du cancer du sein, avec une nouveauté de taille : la mise en place de deux consultations de prévention, dont une dès 25 ans. Objectif : repérer précocement les femmes à risque aggravé de cancer du sein, « en identifiant les antécédents familiaux de cancer du sein et les facteurs de risque auxquels la femme est exposée ». Si, à l’heure du changement de gouvernement, la mise en place de ces consultations est loin d’être acquise, la proposition de la ministre de la Santé aura eu le mérite de mettre en avant une approche plus personnalisée de la santé des femmes.

Hérédité Pour le cancer du sein, le ciblage se fait essentiellement sur l’hérédité et les antécédents médicaux. Dans ses recommandations de 2014, la HAS considère comme à haut risque de cancer du sein les femmes ayant un antécédent personnel de cancer du sein ou de carcinome canalaire in situ, celles ayant un antécédent d’irradiation thoracique médicale à haute dose et celles ayant des d’antécédent familiaux de cancer du sein avec un score d’Eisinger ≥ 3, sans mutation BRCA1 identifiée ou recherchée.

Contexte socio-économique La donne diffère un peu pour le cancer de l’utérus, où les praticiens sont surtout appelés à cibler les femmes qui échappent au dépistage, soit avant tout celles de plus de 50 ans, de milieux socio-économiques défavorisés, résidant dans des zones de faible densité médicale. De même pour le cancer colorectal, l’enquête InVS 2006-2007 montre que les femmes qui ne participent pas au dépistage ont plus souvent dû renoncer à des soins pour raisons financières et ont moins souvent de complémentaire santé.

S’il joue sur les dépistages, le contexte socio-économique favorise aussi l’émergence de facteurs de risque comme l’obésité. Selon une étude de la Dress, les femmes ayant un niveau d’études inférieur au bac ont deux fois plus de risque d’être en surpoids ou obèses que celles ayant suivi au moins trois années d’études.

L’environnement « biopsychosocial » apparaît aussi de plus en plus comme un élément majeur dans l’émergence et la persistance de certaines pathologies féminines telles les lombalgies. Si les contraintes mécaniques interviennent, de plus en plus de données plaident pour une origine multifactorielle de ces affections. L’environnement professionnel serait particulièrement impliqué ; or des travaux de l’Insee retrouvent des tensions professionnelles ou « Job strain » plus fréquentes chez les femmes que chez l’homme. Le psychisme n’est pas en reste puisqu’une part importante des lombalgies survient dans un contexte de comorbidités psychiatriques.

Périodes à risque Pour d’autres pathologies, le risque s’accroît aussi au cours de certaines périodes de la vie féminine. Par exemple, pour l’allergie, la grossesse est identifiée comme un facteur d’aggravation pour environ un tiers des patientes tandis que l’asthme peut s’amplifier à la ménopause. Les pathologies cardio-vasculaires répondent aussi à ces fluctuations. La ménopause est clairement étiquetée comme le point de bascule. Mais d’autres périodes sont sensibles. En amont de la Journée mondiale de l’HTA du 14 mai, la Fédération Française de Cardiologie vient ainsi d’alerter « sur les trois périodes clés de la vie hormonale des femmes au cours desquelles l’hypertension artérielle doit être dépistée ». À savoir la ménopause mais aussi la grossesse (l’hypertension artérielle touche 10 à 15 % des femmes enceintes) et la première prise de contraception.

L’âge est aussi un facteur de risque en soi pour certaines pathologies, mais peut être pris à défaut, comme dans la BPCO, par exemple. Classiquement considérée comme une pathologie du senior, celle-ci touche désormais des femmes de plus en jeunes avec des diagnostics posés dès 35 ans.

Reste que, le plus souvent, les principaux facteurs de risque sont finalement très classiques avec notamment un poids croissant du tabagisme en population féminine.

Bénédicte Gatin