Lorsque la prise en charge du cancer du sein passe par la chirurgie, deux options chirurgicales sont envisageables : la chirurgie conservatrice (tumorectomie, 70 % des patientes) et la chirurgie non conservatrice (mastectomie, 30 %). En France, 70 % des femmes ayant eu une mastectomie n'ont pas recours à une reconstruction mammaire.
Si les raisons peuvent être financières ou bien personnelles - les femmes peuvent choisir d'autres moyens de se reconstruire, sans nécessairement passer par la chirurgie -, le manque d'information est souvent pointé du doigt. En mars, le Sénat a d'ailleurs adopté une loi visant à « fournir une information aux patientes sur la reconstruction mammaire en cas de mastectomie ».
Délivrer l'information au bon moment
L'équipe de Saint-Joseph estime toutefois que 100 % des patientes sont informées de la possibilité d'une reconstruction mammaire au sein même du centre et du fait que celle-ci est prise en charge. Le Dr Séverine Alran, gynécologue, le concède néanmoins : « Tout est dans la formule. L'information est certes délivrée, mais est-elle entendue et adaptée aux besoins de la personne au moment précis où elle est donnée ? ».
Pour tenter de transmettre une information de qualité, les chirurgiens plasticiens du centre du sein sont pleinement intégrés au parcours de soins, même s'ils n'interviennent qu'en bout de chaîne. « Nous avons eu dès le début l'idée d'un parcours où la chirurgie plastique est évoquée avant même l'initiation des traitements du cancer, raconte le Dr Philippe Levan, chirurgien plasticien et esthétique. Cela nous semble important de dire aux patientes, qu'au bout du compte, nous allons pouvoir reconstruire leur sein et leur vie de femme ». Une façon de dédramatiser la situation : le fait de leur parler déjà de l'après est porteur d'espoir.
Ainsi, dès la consultation d'annonce, les femmes peuvent repartir avec une vision sur le long terme grâce à un parcours prédéfini. « Nous leur donnons dès le début la date à laquelle nous estimons que la reconstruction sera terminée, même si c'est 2 ans plus tard », explique le Dr Levan. « Nous sommes ensuite à la disposition des patientes. Nous avons des créneaux dédiés afin qu'elles puissent revenir vers nous facilement quand elles le souhaitent », souligne le Dr Claire Fenoll, chirurgien plasticien et esthétique.
Au centre du sein, 11 % des patientes ont recours à la chirurgie plastique. « En revanche, la France ne dispose d'aucune base de données sur le nombre de reconstructions mammaires réalisées à l'échelle nationale », regrette le Dr Fenoll.
Kiné préopératoire
L'équipe de Saint-Joseph est formée à l'ensemble des techniques de reconstruction mammaire : lipofilling (injection de graisse), DIEP, lambeau libre… Le choix de la technique, tout comme le choix entre reconstruction immédiate et différée en cas de mastectomie, fait l'objet d'une réflexion collective en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). C'est ensuite à la patiente que revient la décision finale. « C'est ce qui fait notre particularité : nous laissons le choix aux patientes en fonction de leur désir », estime le Dr Levan, ajoutant que : « Nous avons affaire à des patientes de plus en plus jeunes, pour lesquelles notre vision de chirurgien esthétique est un plus ».
En théorie, la reconstruction immédiate pourrait être proposée à grand nombre de patientes. « Mais nous ne sortons pas du cadre des recommandations, précise le Dr Fenoll. De plus, certaines patientes vont préférer se concentrer dans un premier temps sur le traitement du cancer avant de penser à la reconstruction ».
« Notre équipe a la volonté de développer la reconstruction immédiate », note le Dr Anne Sophie Réguesse, chirurgien plasticien et esthétique. « Le nombre de reconstructions immédiates double chaque année. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 150 patientes par an », en atteste le Dr Fenoll.
Autre spécificité du centre du sein : « nous proposons de la kinésithérapie préopératoire dès l'instant qu'une mastectomie est prévue afin de préparer en amont l'après-chirurgie. Cette pratique est très novatrice. À ma connaissance, nous sommes les seuls à le proposer », avance le Dr Alran.
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