Brûlures domestiques

Épidémiologie 

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Publié le 13/02/2017
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En France, un rapport de l’INVS donne une vision globale de la population prise en charge par les centres spécialisés, mais il faut noter que 60 % des personnes brûlées ne sont pas prises en charge dans les filières dédiées. Il permet de repérer deux groupes à haut risque, les jeunes enfants, chez qui la surface brûlée est généralement peu importante mais dont les séquelles risquent de s’aggraver avec la croissance, et les personnes âgées chez qui la prise en charge est compliquée par les comorbidités associées et la mortalité élevée (20/25 %). « Une étude menée par notre équipe montre qu’entre 1994 et 2004, les plus de 70 ans ont représenté 12 % des admissions avec 195 patients ; 88 % relevaient d’accidents domestiques (42 % dans la cuisine), avec une médiane de surface brûlée de 12 % (3,3 % au 3e degré) ; 24 % sont décédés dans le service, 32 % ont pu regagner leur domicile ». Chez les personnes âgées brûlées, l’orientation vers un centre de brûlés ou un service de gériatrie ne fait pas consensus.

Une prise en charge initiale standardisée

« Le refroidissement (cooling) de la brûlure pendant 20 minutes doit être réalisé le plus tôt possible, insiste André Marquette, sans pour autant exposer à l’hypothermie ! On préconise de passer la partie brûlée sous la douche à une température de 15 à 20 °C et de l’envelopper d’un linge humide. C’est un message qu’on doit faire passer à toute la population ». Il est impératif d'assurer immédiatement une antalgie efficace et de la poursuivre en maintenant un délai suffisant entre la prise d’antalgiques et les soins. La question du statut antitétanique doit être abordée dès le premier contact avec un soignant car c’est une plaie de l’environnement, et on vérifiera que l’hygiène et la nutrition sont correctes.

Traitement local des brûlures, quelques exemples

Les brûlures superficielles du 1er degré, type coup de soleil relèvent d’une bonne hydratation locale type Eucérine, Nivéa, ou ExtraCalm, un alginogel en spray. Il faut revoir le patient le lendemain pour vérifier que ne sont pas apparues des phlyctènes.

L’application d’antiseptique sur les brûlures du 2e degré superficiel est indispensable puisque cette plaie aiguë est d’origine environnementale. Comme traitement on dispose du Sulfadiazine Ag, d’hydrofibres type Aquacel, d’alginogel type Flaminal. Les spécialistes ne s’accordent pas sur la conduite à tenir vis-à-vis des phlyctènes non rompues. Pour le Dr Gaucher, il faut les découper le plus largement possible, cette peau morte, porte d’entrée pour les infections, surtout si elle est à moitié effondrée. Une exception, la paume des mains et la plante de pied, du fait de leur très grande richesse en terminaisons nerveuses. André Magnette préfère lui évacuer la phlyctène, surtout lorsqu’elles sont de petite dimension, le toit de la phlyctène servant de pansement physiologique.

Dans les brûlures intermédiaires, la cicatrisation dirigée utilise un alginogel, éventuellement un hydrocolloïde ou du tulle imprégné d’un onguent iodé (mais certains écartent la Bétadine pour son effet asséchant).

D’après les communications de la Dr Sonia Gaucher, chirurgienne plasticienne (hôpital Cochin) et de Mr André Magnette, infirmier chef, centre des brûlés (CHU de Liège)
(1) Gaucher S et al. Burns in older people. Epidemiology, surgical management and outcome in a university hospital referral burn unit, 1994–2004. European Geriatric Medicine, February 2012;3;(1):43–8

Maïa Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9555