« Les boissons dites énergisantes, autorisées en France depuis 2008, doivent être distinguées des boissons de l’effort », a rappelé le Pr Michel Krempf. Elles sont sucrées, comme les sodas, riches en caféine, en taurine et en glucuronolactone. Plus d’une centaine de produits sont aujourd’hui disponibles, produits qui bénéficient d’un positionnement marketing les valorisant tout particulièrement dans le cadre d’activité sportive.
Dans son rapport de septembre 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait indiqué que ces boissons ne sont pas seulement prisées par les jeunes, mais aussi par les plus âgés (21 % des consommateurs ont plus de 65 ans). La consommation de ces boissons concerne toutes les tranches d’âge et toutes les catégories sociales. De 10 à 15 % des sujets le font régulièrement.
Au sein des effets bénéfiques : l’amélioration des performances mentales et de la capacité d’endurance, sans qu’il n’y ait toutefois de nette modification du seuil d’épuisement;
Peu d’essais contrôlés
Parmi les effets négatifs, ceux concernant la sphère cardiovasculaire prédominent, mais ils ne sont pas les seuls : troubles neurologiques et psychologiques (accident vasculaire cérébral, épilepsie, anxiété, agitation, perte de contrôle…), gastro-intestinaux et métaboliques (l’effet hyperosmotique de l’apport de sucres est une source de diarrhées et douleurs abdominales), rénaux, avec un risque de déshydratation, d’hypokaliémie et d’hypocalcémie.
« L’analyse de la littérature sur les effets cardiovasculaires des boissons énergisantes retrouve surtout des cas rapportés, mais peu d’essais contrôlés randomisés », a souligné le Pr Krempf. Quelques cas de troubles du rythme ou d’arrêt cardiaque ont été observés, surtout chez des jeunes gros consommateurs et dans la moitié des cas porteurs d’une anomalie associée (cardiopathie, syndrome de Brugada…). Une incidence qui reste toutefois très faible au regard de la consommation, estimée à 12 milliards de litres dans le monde. En France, depuis la mise en place d’une nutrivigilance en 2008, 213 effets secondaires ont été signalés, dont 95 cardiaques, mais leur imputabilité était douteuse dans la majorité des cas, notamment en raison de consommations concomitantes (ecstasy notamment). Dans son rapport l’Anses a indiqué que les arrêts cardiaques observés après consommation de ces boissons (3 avec une probable imputabilité) concerneraient des personnes ayant une prédisposition génétique aux arythmies. Ces boissons sont susceptibles d’induire un vasospasme et une élévation de la pression artérielle et d’augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral. Elles sont déconseillées chez les hypertendus sévères ou mal contrôlés.
Au sein des composants de ces boissons, la caféine, dont la teneur est en moyenne de 80 mg par canette (mais les conditionnements en grande taille doublent la dose), semble être la première en cause. Le rôle de la taurine est très débattu et il n’y a pas de données fortes pour démontrer un effet pro-arythmogène. Quant à la glucuronolactone, elle semble dénuée d’effet délétère.
Les valeurs seuils maximales pour la caféine sont de 400 mg/jour, mais la consommation simultanée d’alcool, très prisée, est susceptible d’accroître les effets néfastes des boissons énergisantes, par le biais d’une réduction du métabolisme de la caféine. C’est pourquoi l’Anses a recommandé d’éviter la consommation en association avec l’alcool et plus largement avec la pratique sportive.
D’après la communication du Pr Michel Krempf (Nantes)
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