Jugée mardi au tribunal correctionnel de Marseille pour homicide involontaire pour avoir fait preuve de négligences dans le suivi d’un patient psychotique meurtrier, le Dr Canarelli risque aujourd’hui une peine d’un an de prison avec sursis. La décision a été mise en délibéré au 18 décembre. « Il ne s’agit pas ici pour la justice de faire le procès de la psychiatrie. Il ne s’agit pas de chercher des poux dans la tête de cette corporation, ici ce n’est pas la psychiatrie qui est en cause, c’est Mme Canarelli », a déclaré le procureur Emmanuel Merlin à l’ouverture du procès alors que plus de cent soignants manifestaient au même moment devant le tribunal en soutien à la psychiatre. Sur leurs pancartes, on pouvait lire : « Ce procès est mon procès » ou encore « Journée sombre pour la psychiatrie. »
Problème de diagnostic
Dans son réquisitoire, le procureur a dénoncé « l’aveuglement » du Dr Canarelli qui n’a cessé, selon lui, d’aller à l’encontre des avis « uniformes » rendus par 9 psychiatres sur le cas du patient meurtrier, Joël Gaillard. Concluant à « une psychose avec syndrome délirant de type paranoïde et vécu persécutoire » ces psychiatres préconisaient d’hospitaliser dans une structure plus contraignante ce patient qui bénéficiait d’une sortie d’essai de longue durée jusqu’à ce que le Dr Canarelli décide peu avant les faits d’une ré-hospitalisation sous contrainte.
Le 19 février 2004, jour de la consultation où fut prise cette décision, Joël Gaillard s’enfuit du centre hospitalier Édouard-Toulouse à Marseille. Il assassinera 20 jours plus tard le compagnon de sa grand-mère octogénaire.
Durant son procès, le Dr Canarelli a nié toute négligence. « Ce patient présentait assez peu de difficultés comportementales durant ses séjours à l’hôpital », a-t-elle indiqué. Mais, précise-t-elle, « je n’ai jamais douté du fait qu’il avait une pathologie psychologique » et je « n’ai jamais contesté sa dangerosité ». Toutefois, elle reconnaît avoir eu des difficultés à poser un diagnostic : « La pauvreté symptomatologique m’a troublée et m’a posé un problème de diagnostic. » Elle poursuit : « L’expression du délire s’estompait rapidement et il s’adaptait très bien à la réalité ambiante. » Elle a aussi défendu le traitement prescrit à l’époque à son patient. Quant à l’épisode de la fugue, elle rejette toute faute. « Nous n’avions pas prévu de renforts, car je n’avais pas deviné » qu’il allait s’enfuir.
Pas une science exacte
À la barre, son ancien chef de service au centre hospitalier Édouard-Toulouse a décrit quelqu’un de « très rigoureux » et a précisé que « la médecine n’est pas une science exacte ».
Pour l’avocat de la défense, Me Sylvain Pontier, qui a réclamé la relaxe, ce procès a mis en lumière « une méconnaissance de la réalité de la psychiatrie hospitalière et la persistance d’un certain nombre d’images d’Épinal ». Il a aussi ajouté : « Il faut bien que ces personnes soient soignées, on n’est pas dans un système carcéral » en soulignant que Joël Gaillard actuellement « traité à l’hôpital de la Conception, s’est depuis marié, a eu au moins un enfant et bénéfice de sortie d’essai ».
Des syndicats de psychiatres ont défendu le Dr Canarelli dénonçant une confusion entre « le soin et la contrainte ». La semaine dernière l’Académie nationale de médecine soulignait la difficulté d’évaluer la dangerosité et mis en garde contre « l’utopie du risque zéro ».
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