Une thérapie génique pour une surdité congénitale, développée par des chercheurs du Karolinska Institutet, en Suède, et d’hôpitaux et universités en Chine, semble bien tolérée et efficace à moyen terme. Plusieurs études prometteuses dans cette surdité particulière ont été menées à l’échelle mondiale, dont un essai français impliquant l’Institut Pasteur, l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP), la Fondation pour l’audition et la société de biotechnologie Sensorion. Mais les données manquent en général dans les populations plus âgées.
L’essai clinique a inclus 10 patients âgés d’1 à 24 ans ayant une surdité héréditaire autosomique récessive (DFNB9), caractérisée par une déficience de l’otoferline, qui est impliquée dans la transmission des signaux de l’oreille au cerveau. La thérapie génique utilise un virus adéno-associé (AAV) comme vecteur pour délivrer une version fonctionnelle du gène Otof dans l’oreille interne via une unique injection dans la fenêtre cochléaire.
Les résultats préliminaires, publiés dans Nature Medicine, sont encourageants. La thérapie a permis d’améliorer l’audition pour la totalité des patients sans effets secondaires sévères. « Cela peut avoir un effet significatif sur la qualité de vie », se réjouit Maoli Duan, coauteur de l’étude.
Des améliorations au bout d’un mois
Les patients ont bien toléré la thérapie, avec 162 effets secondaires de grades 1 et 2, dont le plus fréquent (10 %) était une baisse du taux de neutrophiles. L’effet thérapeutique a été observé rapidement, la majorité des améliorations auditives étant apparue en un mois. Après au moins six mois de suivi, l’amélioration moyenne de la sensibilité auditive était significative, passant de 106 dB (inclusion) à 52 dB.
D’autres paramètres auditifs étaient aussi améliorés : le seuil de réponse auditive du tronc cérébral (ABR) au « clic » passant de 101 à 48 dB, le seuil d’ABR au « tone burst » de 91 à 57 dB et la réponse auditive « steady state » de 80 à 64 dB. L’efficacité était dépendante de l’âge, avec un pronostic optimal lorsque la thérapie est administrée aux enfants de 5 à 8 ans. Les auteurs citent l’exemple d’une enfant de 7 ans ayant récupéré la quasi-totalité de son audition et ayant été capable de converser au quotidien avec sa mère dès quatre mois post-intervention. L’essai clinique est encore en cours et doit évaluer l’innocuité et le maintien à cinq ans de l’audition.
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