Sécurité des médecins : 924 agressions déclarées en 2015, tout proche du record

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Publié le 18/10/2016
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Crédit photo : PHANIE

Selon l'Observatoire de la sécurité des médecins, dont l'Ordre national a rendu public ce mardi les résultats pour l'année 2015, le nombre de déclarations d'incidents (agressions verbales ou physiques, menaces, vols, dégradations, etc.) effectuées par les médecins a atteint 924 – après 901 en 2014, et 925 en 2013, année record.
 

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Le chiffre est mauvais, reconnaît l'Ordre, qui précise que le nombre annuel moyen d'incidents déclarés à l'Observatoire depuis sa création en 2003 est de 724 (soit 30 % au-dessous des résultats de 2015).

Tous les départements touchés

Le Nord (64 incidents signalés), les Bouches-du-Rhône (63), l'Isère et la Seine-Maritime (35 chacun), la Loire (33), la Seine-Saint-Denis (27), le Vaucluse (24) et les Hauts-de-Seine (21) arrivent en tête de ce palmarès. À l'autre bout de la liste, on trouve la Côte-d'Or et la Somme (10 incidents chacun), l'Ain, la Charente-Maritime, le Loiret, le Tarn et l'Yonne (9 incidents), les Côtes-d'Armor et l'Hérault (8).

Les incidents diminuent en Île-de-France : 40 avaient été déclarés dans la capitale en 2013, 27 en 2014 mais seulement 8 en 2015. Dans le Val-de-Marne, ils passent de 15 en 2014 à 5 en 2015, et dans le Val-d'Oise de 29 à 13. L'Ordre attribue cette baisse aux attentats qui ont fortement accru la présence policière dans la région.

Le généraliste, principale victime

Dans 65 % des cas, la victime de l'agression est désormais un médecin généraliste (contre 56 % en 2012) – et dans 35 % des cas un spécialiste (contre 44 % en 2012). Parmi ces derniers, les ophtalmologistes concentrent 6 % des incidents déclarés, les médecins du travail 4 %, les psychiatres, gynécologues-obstétriciens et dermatologues 3 %, les radiologues 2 %, les anesthésistes et les neurologues 1 %. Les femmes représentent 44 % des victimes. Dans 89 % des cas, c'est le médecin lui-même qui est victime de l'incident. 

Dans un cas sur deux, le patient est à l'origine de l'agression. Dans 15 % des cas, c'est un accompagnant qui est l'auteur. Pour les autres situations, le médecin n'a pas désigné précisément son agresseur. L'usage d'une arme régresse : 4 % des agresseurs en utilisaient une en 2014, ils ne sont plus « que » 2 % en 2015.

Davantage d'agressions verbales 

La proportion d'agressions verbales est en augmentation constante. En 2003, 43 % des déclarations d'incidents concernaient des agressions verbales – le ratio est passé à 69 % en 2015. Parallèlement, celui des vols ou tentatives de vol baisse, passant de 27 % à 19 % sur la même période. Les agressions physiques reculent aussi : elles passent de 15 % à 8 %. Le vandalisme diminue de 13 % à 8 %. 
 

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Le motif de l'incident est variable, mais le plus souvent lié à l'exercice. Il s'agit le plus souvent d'un reproche lié à la prise en charge par le praticien (33 % des cas), d'un vol (18 %), d'un refus de prescription (16 %), d'un temps d'attente jugé excessif (9 %), ou encore d'un rendez-vous non obtenu, d'un refus de payer la consultation (2 %), ou d'un état de manque ou d'ébriété de l'agresseur (1 %).

Les centres-villes et les cliniques visés

Peu d'incidents ont lieu en rase campagne. Ils se produisent majoritairement en centre-ville (54 % des cas), en milieu urbain ou proche banlieue (21 %) puis en milieu rural (17 %). Ils ciblent un cabinet libéral ou une structure libérale pluridisciplinaire dans 71 % des cas, un établissement de santé dans 22 % des cas (proportion qui a doublé en un an !) et « un autre cadre » dans 4 % des cas. Le nombre d'incidents progresse surtout fortement dans les cliniques (de 3 % à 14 % en un an). Dans le même temps, le nombre d'agressions à l'hôpital public est resté stable.

Peu de suites légales

Seuls 7 % des incidents signalés donnent lieu à une interruption de travail (8 % en 2014, 10 % en 2009). L'Ordre regrette surtout que ces faits ne donnent pas plus souvent lieu à des suites judiciaires. Ainsi 32 % des praticiens ont déposé plainte et 12 % une simple main courante. 56 % d'entre eux n'ont donc donné aucune suite à leur signalement.
 

Les chiffres de l'Observatoire ont fait réagir la CSMF qui estime que les pouvoirs publics doivent prendre toutes les mesures pour protéger les professionnels de santé. Pour son président, le Dr Jean-Paul Ortiz, « cela passe par la mise en place de lignes téléphoniques spéciales "urgence sécurité“ pour que les médecins puissent alerter la police ou la gendarmerie, par des caméras de surveillance aux abords des cabinets médicaux, et par la création pour les médecins d’un véritable statut de professionnel protégé ».

Source : lequotidiendumedecin.fr