À l’occasion de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques de ce dimanche 18 novembre, le Centre d’analyse stratégique (CAS) préconise plusieurs mesures concrètes pour préserver « de toute urgence » l’efficacité des antibiotiques et « éviter une régression à l’ère pré-antibiotiques ».
Les niveaux de résistance aux antibiotiques ont considérablement augmenté à l’échelle mondiale ces trente dernières années, en corrélation avec leur usage massif. Au sein de l’Union européenne, on estime qu’au moins 25 000 patients décèdent chaque année d’une infection due à l’une des cinq bactéries multirésistantes (BMR) les plus fréquentes. La France a longtemps été numéro un européen de la consommation d’antibiotiques. À la suite d’une prise de conscience des médecins et du grand public, la consommation a diminué de 16 % entre 2000 et 2010. Mais elle « a légèrement repris depuis 2009 » et en 2012 la France demeure le troisième plus gros consommateur européen d’antibiotiques pour la médecine humaine, souligne Vincent Chriqui, directeur général du CAS. La rationalisation des prescriptions d’antibiotiques est « un axe majeur » de cette lutte contre les BMR, a-t-il indiqué en présentant son avis.
Des profils de prescription
L’une des pistes proposées par le CAS est d’envoyer tous les ans à chaque médecin un « bilan détaillé de leur profil de prescription d’antibiotiques comparé aux moyennes départementale et nationale ». À terme, ce bilan pourrait renforcer, dans le cadre de la rémunération à la performance, le critère actuel de prescription d’antibiotiques. La création de centres de conseil en antibiothérapies doit être également soutenue. Ces structures, qui existent déjà dans deux régions, en Pays de la Loire et Lorraine, ont un bilan positif. Adossés à des CHU, ils prodiguent des conseils par téléphone ou via leur site Internet, organisent des formations et assurent entre autres une surveillance épidémiologique.
Le CAS suggère d’intensifier l’utilisation de tests rapides d’orientation au diagnostic (TROD), « sous-utilisés en France », afin d’éviter plus systématiquement la prescription inutile d’antibiotiques en cas d’infections virales. « L’Assurance-maladie devrait permettre la mise à disposition gratuite de ces nouveaux tests, afin d’en faciliter le développement et l’utilisation », ajoute le CAS. Deux nouveaux tests diagnostic rapide de résistance aux antibiotiques de spectre large s’apprêtent à être commercialisés.
L’usage vétérinaire
Pour ce qui est de l’usage vétérinaire, il faut « réduire drastiquement la consommation d’antibiotiques critiques pour l’homme chez l’animal soit par des engagements volontaires de l’ensemble des filières, soit par des interdictions réglementaires », conseille le CAS. « Dans le domaine vétérinaire, la France fait également partie des plus gros consommateurs : c’est le deuxième consommateur européen d’antibiotiques en tonnage absolu », a constaté Vincent Chriqui, citant l’exemple du Danemark où a été mis en place un système de menaces et sanctions pour les éleveurs (principalement de porcs) dépassant des plafonds de doses d’antibiotiques aux animaux.
Enfin, le rapport souligne la nécessité de « développer notre arsenal thérapeutique » en stimulant la recherche. Dans cette voie, le CAS envisage d’étudier le potentiel de la phagothérapie (usage de virus bactériophages spécifiques) comme complément aux antibiotiques et solution aux impasses thérapeutiques. Mais le renouveau de la phagothérapie se heurte à plusieurs écueils, selon Vincent Chriqui : l’absence d’investissement par les grands industriels pharmaceutiques et un cadre réglementaire « peu clair et inadapté ».
Le CAS estime enfin nécessaire que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) assure désormais une coordination mondiale et un soutien au développement des réseaux dans les régions où ils sont absents. Pour les bactéries résistant à quasi tous les antibiotiques, le règlement sanitaire international (RSI) de l’OMS, qui oblige les États signataires à déclarer les menaces épidémiologiques d’échelle mondiale, pourrait notamment s’appliquer.
La Direction générale de la Santé souhaite également rappeler, dans un contexte de nouvelle hausse de la consommation des antibiotiques, l’importance du bon usage des antibiotiques. La Semaine de la sécurité des patients, organisée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé du 26 au 30 novembre 2012, sur le thème : « Engageons-nous pour des soins plus sûrs » comporte la thématique « Bien utiliser les médicaments », qui constitue également un support pour des actions relatives à l’antibiothérapie.
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