Si le nombre de nouveaux cas d’Ebola s’est fortement réduit en Guinée forestière et dans l’est du pays, on observe un retour de la maladie dans la région de Conakry. Pour le Pr François Bricaire, du service des maladies infectieuses et tropicales de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), c’est le signe qu’il faut impérativement « une nouvelle répartition des moyens, pour protéger la capitale guinéenne » d’un rebond de l’épidémie.
Un projet d'extention du centre de Forécariah
« Le centre de Kérouane est vide, et il y a très peu de patients à Macenta. La Croix-Rouge dispose déjà d’un petit centre de transit de 6 lits à Forécariah, mais sans laboratoire pour le diagnostic. Il faudrait l’agrandir et le transformer en un véritable centre de traitement », explique le Pr Bricaire qui préside la Commission des relations et opérations internationales de la Croix-Rouge française. La semaine prochaine, il portera devant le conseil d’administration de l’ONG un projet d’extension du centre de transit de Forécariah qui devra également obtenir le soutien des autorités françaises. « Les autorités guinéennes sont déjà partantes », précise-t-il. Pour l’instant, les malades du centre de transit de Forécariah sont envoyés dans le centre de traitement de la préfecture de Coyah tenu par des médecins cubains. « La construction d’un centre de traitement proche de la capitale, mais qui n’est pas à l’intérieur, répond à un modèle classique de lutte contre les épidémies, rappelle le Pr François Bricaire, c’était par exemple le rôle de l’hôpital Claude-Bernard en ce qui concerne Paris. »
Des foyers de résistance encore très forts
La région de Forécariah est en effet le théâtre d’une augmentation du nombre d’infections par le virus Ebola. Selon le dernier point de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les 52 nouveaux cas recensés dans la semaine du 9 au 15 février, 13 cas ont été confirmés à Conakry, et 24 autres dans la préfecture de Forécariah. Selon le Pr Thierry Debord, du service de maladies infectieuses et tropicales du Val-de-Grâce, et coordinateur du pôle sanitaire de la task force Ebola, « il y a des zones de réticences, parfois très violentes, vis-à-vis des équipes qui viennent suivre les cas contacts, surtout dans la préfecture de Forécariah et le district de Lola (proche de la Côte d’Ivoire, n.d.l.r). Ce sont des endroits où les chaînes de transmission sont difficiles à trouver. » Revenu de Guinée il y a une dizaine de jours, le Dr Jean-Claude Manuguerra, responsable de la cellule d’intervention biologique d’urgence, cite pour sa part le cas d’un « village qui n’a laissé entrer les enquêteurs que très récemment et où l’on a découvert 20 cas d’un seul coup ».
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