« Le changement climatique influence déjà les systèmes naturels sur l’ensemble du globe : évolution de l’aire de répartition de nombreuses espèces, modifications des activités saisonnières, mouvements migratoires, modifications des interactions interspécifiques », énumèrent les auteurs dans un article du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») consacré à l’évaluation de l’impact sanitaire du réchauffement climatique.
Dans cet article publié en amont de la tenue à Paris de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), les auteurs rappellent l’effet des bouleversements climatiques en cours sur les systèmes hydrologiques, les ressources en eau et la production alimentaire. « Ces changements auront des répercussions sanitaires, par exemple une modification des allergies en fonction de l’évolution des peuplements végétaux, l’apparition de conditions climatiques favorisant l’extension des vecteurs de maladies tropicales », précisent-ils.
Des effets directs et indirects
Les auteurs s’estiment pour l’instant peu armés pour évaluer les conséquences directes et indirectes du réchauffement climatique. Les conséquences directes de l’augmentation de la température posent déjà problème puisqu’il n’est pas certain que des hivers plus doux se traduisent par une diminution de la mortalité liée au froid.
Les effets indirects sont encore plus délicats à quantifier. Parallèlement aux changements climatiques, les auteurs rappellent que l’on assiste à une urbanisation et un vieillissement croissant de la population. De plus, la perte de la biodiversité et les altérations de l’environnement renforcent le risque sanitaire sur les populations humaines, de même que les bouleversements sociaux et économiques induits par le changement climatique. « Une chaîne complexe d’interactions se met ainsi en place, affectant la santé et le bien-être des populations », s’alarment les auteurs.
Une augmentation de plus de 1 °C en 30 ans
Entre 1880 et 2012, la température moyenne a augmenté de 0,85 °C en France, avec une tendance à la hausse du nombre d’épisodes de précipitations intenses. Une hausse des températures moyennes comprises entre 0,6 et 1,9 °C est attendue pour la période 2021-2050, avec un réchauffement plus marqué dans le Sud-Est en été. Ces évolutions pourraient se traduire par des augmentations locales des pics d’ozone et de particules fines et donc des pathologies respiratoires. L’un des enjeux de la COP21 est le maintien de l’augmentation de la température à hauteur de +2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.
La réponse au changement climatique se décline en deux axes. Le premier est l’« atténuation », qui vise à réduire leur amplitude en agissant sur l’habitat, l’agriculture ou les transports. De telles mesures « n’empêcheront pas le réchauffement climatique, mais devraient permettre de le limiter », estiment les auteurs.
Le second aspect est l’adaptation aux problèmes spécifiques posés par le réchauffement climatique comme la mise en place des plans canicules. Cette adaptation implique une connaissance de la dynamique spatio-temporelle des impacts sanitaires que l’on souhaite réduire. Les auteurs s’interrogent ainsi sur la pertinence des seuils d’alerte des plans canicules, fixés sur la période 1973-2010, quand la température était globalement plus faible.
« Un renforcement de la recherche en épidémiologie et une meilleure prise en compte des conséquences sanitaires de l’adaptation au changement climatique sont donc souhaitables », concluent-ils. Les auteurs rappellent d’ailleurs qu’une des recommandations du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), dans son rapport, est que soit intégrée la surveillance des interactions santé-climat dans les travaux de la future agence « Santé publique France ».
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