TROIS ANS après l’affaire, le généraliste de Castellane continue à batailler pour faire reconnaître son innocence. « Son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel constitue déjà pour lui une victoire, estime son avocat, Me Jean-Claude Giudicelli, puisqu’il a été exonéré du délit d’exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en vue de l’adoption de mineurs de moins de 15 ans, ainsi que de celui d’escroquerie aux familles d’accueil ». « C’est déjà un soulagement pour moi, commente le Dr Van Winkelberg, une reconnaissance de mon droit : comment pouvait-on m’accuser d’escroquerie alors que, non seulement je n’ai rien gagné, mais j’ai beaucoup perdu dans cette affaire sur le plan matériel. L’accusation concernant l’adoption était tout aussi infondée, alors que chacune des familles impliquées avait signé une charte aux termes de laquelle les enfants faisaient l’objet d’un accueil d’urgence et en aucun cas d’une procédure d’adoption. ».
Reste donc le chef de tentative d’aide à l’entrée ou au séjour irrégulier. Il en répondra courant 2011, avec les quatre autres protagonistes de l’équipée. « Mais, proteste le médecin, comment peut-on me reprocher d’avoir trempé dans une opération clandestine et illégale, alors que, depuis le début, nous avons battu le rappel des médias et des pouvoirs publics. Avant et après notre départ, nous n’avons eu de cesse d’alerter toutes les administrations françaises concernées ! »
Une prise en charge nécessaire.
Le Dr Van Winkelberg n’en démord pas : il a « fait uniquement son travail, prenant en charge des enfants qui tous étaient dénutris et donc en danger dans une région en guerre et dont un tiers justifiaient d’une hospitalisation. Chacun des quatre confrères qui se sont relayés sur place le confirme. ».
«Je suis fier de moi ! », n’hésite-t-il pas à lancer. Quitte à reconnaître « quelques erreurs qui ont pu être commises dans la forme, mais jamais sur le fond ». Des erreurs, estime-t-il, qui « pourraient justifier une condamnation de l’Arche en tant que personne morale », mais certainement pas la sienne, alors que, rappelle-t-il, il n’a jamais été membre de l’association. Sans charger Éric Breteau, son président, et sa compagne Émilie Lelouch, ni leur retirer son estime, le Dr Van Winkelberg prend donc ses distances avec les « cerveaux ».
Quant à la question cruciale de savoir si les 103 enfants qui devaient être exfiltrés vers la France étaient bien des orphelins du Darfour, il considère que « la preuve du contraire n’a pas été apportée. Les affirmations de l’UNICEF, au lendemain de notre arrestation, selon lesquelles ces enfants avaient des parents tchadiens restent invérifiables. Nous-même, lors du tri, nous avions redoublé de vigilance et nous avons refusé d’embarquer plus d’enfants que nous n’en avons finalement retenus. Par la suite, j’ai écrit au président Dhébi, pour lui proposer, avec d’autres familles, de parrainer les enfants et à les aider financièrement. Mais ni les autorités tchadiennes, ni aucune ONG n’ont jamais été en mesure de fournir aucun renseignement d’identité sur les enfants. »
Se souvenant que la meilleure défense, c’est l’attaque, le médecin, invoque la situation de détresse des enfants, autour de la frontière tchado-soudanaise, là où débarqua en 2007 l’Arche de Zoé, et dénonce sans ambages « le business véritablement scandaleux des grandes ONG présentes à Abéché, les structures humanitaires tenaient lieu d’alibi pour des gouvernants cyniques ».
Le tribunal appréciera courant 2011. Pour l’heure le généraliste se veut « serein ». Avec sa femme Tania, ils ont adopté l’été dernier une petite Anasthasia, 3 ans et demi, arrivée d’un orphelinat russe où elle avait été abandonnée. « C’est la réalisation d’un rêve que nous avions depuis 2006, confie-t-il. Une victoire remportée sur les difficultés et les abus de pouvoirs que certains fonctionnaires de l’Agence française d’adoption ont multipliés après l’affaire de l’Arche de Zoé. »
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