« L'extension de l'obligation vaccinale pour les 0-2 ans, effective depuis janvier 2018, est un vrai succès, se félicite le Pr Robert Cohen, pédiatre, infectiologue à l'hôpital intercommunal de Créteil. L'augmentation de la couverture vaccinale est nette pour les deux vaccins sensibles : hépatite B (inclus dans les hexavalents) et méningocoque C. De plus, la confiance dans les vaccins remonte ».
Les résultats pour le ROR ne seront connus que dans les prochains mois, mais le fait d'accroître la couverture vaccinale à un an et 15 mois ne va pas supprimer dans l'immédiat les épidémies de rougeole. Le virus est véhiculé actuellement non pas par les petits mais par les adolescents et jeunes adultes non vaccinés ou n'ayant reçu qu'une seule dose vaccinale. Vu la haute contagiosité de la rougeole, pour arrêter la circulation du virus, la proportion de sujets immuns doit atteindre 95 % de la population. « Or, avec le cumul des années, la France comme d'autres pays compte des centaines de milliers de personnes non vaccinées, et il faudrait lancer une campagne vaccinale pour cibler spécifiquement les adolescents et les adultes », estime le Pr Cohen.
Ainsi l'épidémie continue, touchant préférentiellement les grands enfants, les adultes jeunes et bien sûr, les petits nourrissons non encore vaccinés. « Avancer l'âge de la première dose pour protéger plus tôt les nourrissons n'est pas une option retenue car elle s'accompagnerait d'une petite perte d'efficacité vaccinale », précise le Pr Cohen.
Des taux élevés de complications
La rougeole, redevenue maladie à déclaration obligatoire depuis 2005, est de diagnostic clinique. La fièvre est constamment élevée, l'éruption qui lui fait suite après un délai de quelques jours assez caractéristique. Le signe de Koplik, pathognomonique, est inconstant et la toux fait partie intégrante du tableau clinique. La maladie doit être documentée par la réalisation d'une sérologie ou d'une PCR. « Compte tenu de l'âge des sujets contaminés, les taux de complications immédiates, pulmonaires et neurologiques notamment, et d'hospitalisations sont aujourd'hui plus élevés que ce qui était classiquement observé, pouvant atteindre 20 voire 30 %, souligne le Pr Cohen. Sans compter les complications à distance, la rougeole entraînant une immunodépression durable. Des travaux récents suggèrent ainsi que la baisse de la mortalité infantile qui avait été rapportée dans tous les pays après l'introduction de la vaccination a été très probablement en lien avec la réduction drastique de l'immunodépression induite par la rougeole ».
D'après un entretien avec le Pr Robert Cohen, pédiatre-infectiologue, hôpital intercommunal, Créteil.
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