La tension monte chaque jour un peu plus. Les cinq intersyndicales de PH (Avenir Hospitalier, CMH, CPH, INPH, Snam-HP) ont appelé la semaine dernière à un mouvement de grève le 14 octobre pour dénoncer la gouvernance trop déséquilibrée.
A leur grand dam, le projet de loi de santé prévoit que le directeur de l’hôpital « conserve la totalité des pouvoirs de nomination des responsables médicaux des pôles ou des services », sans concertation avec la commission médicale d’établissement (CME).
En ville, la température est également montée d’un cran. Les traditionnels rendez-vous de rentrée de la CSMF et du SML, ce week-end, ont permis de mesurer l’exaspération des médecins libéraux (voir ci-dessous). Hospitalo-centré, étatisant la médecine de ville en la mettant sous la coupe des agences régionales de santé, ce projet de réforme comporte de multiples menaces à leurs yeux. L’instauration d’un service public territorial de santé, la généralisation du tiers payant, la menace d’un conventionnement sélectif et d’une remise en cause de la liberté d’installation sont autant de coups portés à la médecine de ville.
La colère atteint son comble ; 97 % des praticiens libéraux ne sont pas satisfaits de la politique de santé du gouvernement et 61 % se disent même « très mécontents », selon une enquête Opinion Way réalisée auprès d’un échantillon de 1 300 médecins de ville pour le SML. Même le président de l’Ordre des médecins est sorti de sa réserve en dénonçant dans « le Figaro » « un pas de plus vers la médecine réglementée et administrée », qui ne réglera rien à l’offre de soins.
Vers un conflit tarifaire ?
Tous les signaux sont au rouge et les revendications et mots d’ordre syndicaux se sont multipliés ces dernières semaines. L’UFML appelle à une grève des gardes et de la télétransmission à partir d’octobre. La FMF se dit prête à lancer un mot d’ordre de déconventionnement des médecins.
Les généralistes de l’UNOF-CSMF et de MG France demandent que le tarif de la consultation soit porté à 25 euros. La crispation est telle que même MG France, qui avait pourtant soutenu la préparation de la loi, ne voterait pas le texte « s’il était présenté en l’état ».
« Personne ne peut exclure un mouvement tarifaire que MG France accompagnerait », prévient son président, le Dr Claude Leicher, qui envisage de réactiver le front de généralistes créé il y a un an pour demander au gouvernement des moyens pour les soins primaires.
Inquiétude des cliniques et des internes
Les cliniques sont également très remontées contre le projet de loi « qui porte en germe l’exclusion du secteur hospitalier privé des missions de service public » (les dépassements sont interdits dans ce cadre). Un mouvement d’humeur des cliniques n’est pas à exclure, a prévenu début septembre le président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), qui apporte son soutien aux médecins libéraux. La contestation pourrait prendre davantage d’envergure encore d’ici à la fin de la semaine. Les internes de l’ISNI décideront en effet s’ils entrent en grève contre le projet de loi de santé qui menace selon eux la liberté d’installation.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes