Dr Sylvain Thepot, chef de clinique assistant à l’hôpital Avicenne (AP-HP)
Le choix de l’hôpital pour travailler en équipe
« Je souhaite avant tout exercer à l’hôpital public. En choisissant l’hématologie, je sais que ma spécialité se prête bien à cet exercice. Il n’existe quasiment pas d’exercice libéral en hématologie et notre exercice nécessite des infrastructures et des compétences variées qui sont actuellement plutôt présentes dans le secteur public. En m’intéressant de près à la recherche clinique et fondamentale, j’ai bien conscience que ces activités seront plus facilement réalisables au sein des établissements. C’est aussi le meilleur moyen d’exercer au sein d’une équipe spécialisée, ce que je recherche avant tout. Pourtant, j’ai bien conscience des difficultés rencontrées aujourd’hui pour obtenir des postes statutaires. Ces difficultés pour obtenir un emploi stable et durable me feront peut-être un jour changer d’avis. »
Dr Jean-Jacques Tudesq, interne dans le service de réanimation au CHU de Montpellier, vice-président de l’Intersyndicat national des internes des hôpitaux
Le temps médical échappe aux logiques de calcul
« En m’orientant dans une spécialité quasiment exclusivement hospitalière, je sais que la réanimation médicale me guide vers un exercice en CHU. Les rares services de réanimation en clinique m’attirent moins, mais je ne suis qu’en deuxième année. Tout dépend des opportunités, mais les moyens plus confortables de l’hôpital public pour les pathologies qui sont rares (la disponibilité de plateaux techniques de pointe avec un accès permanent aux techniques chirurgicales, aux laboratoires…) me font préférer l’hôpital. Je redoute tout de même le côté plus administratif.
Cela donne aussi envie de faire un peu évoluer les choses, y compris au niveau des rémunérations pour rendre la situation salariale plus équitable entre le public et le privé dans certaines spécialités. La rémunération à l’acte ne me tente pas du tout, car beaucoup de choses ne peuvent pas être codées. Le temps passé au lit du malade à expliquer les choses, partager un moment avec un patient qui ne va pas très bien psychologiquement fait, selon moi, partie du travail du médecin et échappe totalement à ces logiques et à ces calculs. »
Dr Anatole Cessot, praticien hospitalier contractuel (CDD), en cancérologie à l’hôpital Cochin (AP-HP)
L’hôpital public doit moderniser son fonctionnement
« L’exercice à l’hôpital public est fascinant et le recrutement des patients très intéressant. Il me paraît cependant essentiel de moderniser son fonctionnement. Pour nous attirer dans les hôpitaux, il faudrait que nous ayions plus d’intérêt à y venir, et leur organisation est à mon avis leur principal défaut. A titre d’exemple, les demandes d’examens se font encore par fax, les logiciels de prescription sont inadaptés, les dossiers médicaux sont encore en papier, et nous disposons de moins en moins de secrétaires pour nous aider.
Après ce CDD, je serai employé sur un contrat de deux ans, mais ensuite je n’ai aucune garantie de pouvoir rester : pour devenir titulaire de la fonction publique à l’hôpital le combat est rude. Et l’attrait du secteur privé pose parfois vraiment question tant les conditions de travail sont attirantes. C’est triste, mais c’est une réalité. »
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