« La grande majorité des radicalisés et djihadistes que je rencontre en détention ont une méconnaissance complète de l'islam, et s'ils ont choisi de partir pour la Syrie, c'est parce que leur adhésion à la religion n'est pas d'ordre théologique ou politique, mais mythologique », écrit le Dr Guillaume Monod dans un article publié en 2018 dans « Le journal des psychologues ». Tout en réfutant la réalité d'un profil type, ainsi que l'amalgame entre embrigadement et prison, le psychiatre dégage plusieurs déterminants psychiques dans les mécanismes de radicalisation, dans lesquels la question du djihad est contingente.
Un jeune de 20 ans menacé par les autres détenus, car auteur d'agressions sexuelles, voit dans la radicalisation une manière d'acquérir la protection des « barbus ». Pour un autre, c'est une provocation adressée aux autorités nationales. Un troisième, père de famille en surpoids, à l'aspect pataud, y trouve la compensation d'une personnalité fragile. Un quatrième, incarcéré pour la mort d'un vieil homme qu'il a fauché dans la rue, en proie à la culpabilité et aux idées suicidaires, recherche son innocence perdue. Un dernier est en quête d'une cause spirituelle suffisamment chargée de sens pour ne pas retomber dans des addictions passées.
« La radicalisation est la rencontre fortuite d'une personnalité, de circonstances socioculturelles et d'un message », écrit le Dr Monod. En conséquence, lutter contre le phénomène ne peut être la mission que de la police ou de la prison. « Prendre en charge les radicalisés passe avant tout par la compréhension des mécanismes psychiques qui les ont amenés à suivre cette voie, après que toutes les autres leur ont été interdites ou rendues inaccessibles », conclut-il.
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