Sur les sept premiers mois de l'année 2020, Unicancer* constate une baisse de 6,8 % dans la prise en charge des patients atteints de cancer. Après une forte chute pendant la première vague, le rattrapage n'a pas eu lieu après le premier déconfinement en juin et juillet. Résultat selon le président de la Fédération des centres de lutte contre le cancer, Jean-Yves Blay, sont recensés 6 % de risque de décès supplémentaires par mois de retard, uniquement dans les CLCC qui ont été plus ou moins épargnés par la pandémie. Dans les hôpitaux publics locaux, ces chiffres atteignent plutôt 23 %. Dans la fourchette basse d'Unicancer sont donc attendus 1 000 morts supplémentaires. Dans la fourchette haute, il s'agirait au moins de 6 000 morts de plus.
Leçons de la première vague non tirées
Selon Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, la déception risque d'être au rendez-vous pour un bilan de la deuxième vague (qui n'a pas été encore finalisé), selon une enquête en ligne réalisée par la LCC. Les hôpitaux ont été les plus impactés, avec par exemple jusqu'à 90 % de report d'opérations en région Ile-de-France. « La situation a été encore plus tendue dans les régions Auvergne Rhône Alpes et Paca lors de la deuxième vague », s'est inquiété Axel Kahn qui prévoit pour sa part de 3 000 à 10 000 décès supplémentaires.
Concernant le vaccin anti-Covid des patients atteints de cancer, seules les personnes immunodéprimées font partie des personnes vulnérables, donc ne faisant pas partie des publics prioritaires. Faut-il changer la donne ? Oui, selon Jean-Yves Blay, car « les patients atteints de cancer sont particulièrement à risque de développer des complications s'ils sont infectés par la Covid ».
Autre son de cloche pour Axel Kahn. Alors que la Ligue va lancer une campagne très active en faveur du vaccin, elle met plus en avant « l'immunité collective que la modification de l'ordre de la vaccination ». Et Axel Kahn d'argumenter : « Il y a encore beaucoup d'inconnues sur l'efficacité des vaccins anti-Covid et sur leur tolérance ». Cette retenue sur le vaccin s'adresse particulièrement aux patients immuno-déprimés, et pas aux patients ayant déjà subi une opération chirurgicale. Pour ces patients particulièrement fragiles, la LCC suivra de toute façon les RCP sur le vaccin, qu'elles soient pro-vaccin ou pro-immunité collective. « Nous ne sommes qu'au début du parcours de la vaccination anti-Covid », conclut Jean-Yves Blay qui va dans le même sens qu'Axel Kahn sur le manque d'informations scientifiques sur les vaccins.
* Conférence de presse Unicancer-Ligue contre le cancer du 8 décembre 2020.
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