Dans le lymphome de Hodgkin avancé, l’association de nivolumab avec la chimiothérapie par doxorubicine, vinblastine et dacarbazine (AVD) réduit à deux ans de près de moitié le risque de progression ou de décès en comparaison au traitement par l’association d’un anticorps conjugué à un médicament, le brentuximab védotine, avec AVD, une autre association d’immunothérapie et de chimiothérapie. Ces résultats issus de l’essai de phase 3 SWOG S1826 ont été publiés dans The New England Journal of Medicine.
Ces données à long terme offrent ainsi aux patients une alternative au brentuximab védotine, une autre immunothérapie ayant fait ses preuves, mais augmentant la toxicité du traitement chez les adultes et le recours à la radiothérapie chez les enfants.
Selon les investigateurs, « il s'agit de la plus grande étude sur le lymphome de Hodgkin jamais réalisée au sein du réseau national américain des essais cliniques qui reflète une collaboration réussie entre les experts du lymphome pédiatrique et adulte et qui permet une évaluation plus précoce des nouvelles thérapies prometteuses chez les adolescents atteints de lymphome de Hodgkin en traitement de première ligne ». Cet essai est financé par le National Cancer Institute (NCI) américain, soutenu par Bristol-Myers et Seagen, et coordonné par le SWOG Cancer Research Network.
Lors du dernier congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (Esmo), le Pr Jean-Yves Blay pour Unicancer avait mis en avant l’essor des immunothérapies ces dernières années et leur disponibilité dans la quasi-totalité des cancers, y compris rares. À ce titre, un éditorial signé par les Drs James Armitage et Dan Longo dans The New England Journal of Medicine revient sur l’apport des immunothérapies dans le lymphome de Hodgkin.
Ainsi, si les progrès du traitement du lymphome de Hodgkin semblaient avoir atteint un plateau dans les années 1970, l’arrivée des immunothérapies ciblant CD30 (comme le brentuximab védotine) et PD-L1 (comme le nivolumab) a redistribué les cartes. « Lorsque les résultats du traitement sont aussi bons, il est très difficile de les améliorer », expliquent les deux experts. Pourtant, c’est ce qu’a réussi à faire l’essai SWOG S1826 en apportant de nouveaux éclairages sur le lymphome de Hodgkin et « la meilleure survie sans progression jamais rapportée », soulignent-ils. Enfin, bien que les rechutes se fassent en général dans les deux premières années et que la durabilité de la rémission soit incertaine pour cette cohorte, les deux hématologues parient sur le nivolumab+AVD comme nouveau traitement de choix pour les lymphomes de Hodgkin de tous stades.
Un taux de survie sans progression de 92 % avec le nivolumab
L’analyse du suivi a inclus 970 adolescents (de plus de 12 ans) et adultes nouvellement diagnostiqués pour un lymphome de Hodgkin de stade III ou IV. Avec un suivi médian de 2,1 ans, les auteurs retrouvent dans le groupe nivolumab+AVD (N+AVD) un risque significativement plus faible de progression du cancer ou de décès que dans celui traité avec la combinaison brentuximab vedotine+AVD (BV+AVD).
Ainsi, à 2 ans, le taux de survie sans progression était de 92 % dans le groupe N+AVD versus 83 % dans le groupe BV+AVD pour toutes les classes d’âge, stades ou scores pronostiques ; le taux de décès était de 0,6 % dans le groupe N+AVD contre 1,7 % (HR = 0,45). De plus, le traitement N+AVD a été mieux toléré que le BV+AVD, avec 7,6 % d’arrêt prématuré de traitement contre 12 %, et les patients présentaient moins d’effets indésirables ; ceci était particulièrement vrai pour les patients de plus de 60 ans chez qui est retrouvée la plus grande différence de toxicité entre les deux stratégies.
Pour les auteurs, à ces preuves d’efficacité s’ajoutent « la possibilité d'éviter une radiothérapie consolidante potentiellement toxique, et la réduction des coûts d'acquisition des médicaments et des soins de soutien », faisant de l’association N+AVD une candidate solide pour « une première ligne de traitement chez les enfants et les adultes atteints d'un lymphome de Hodgkin de stade III ou IV ».
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