Le mésusage médicamenteux est souvent associé dans les esprits à l’utilisation détournée de molécules, notamment psychotropes. En fait, le concept est bien plus « ordinaire », comme en témoigne la plénière organisée sur ce sujet par le CMGF en partenariat avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Selon le Dr François Lacoin, modérateur de cette session, le mésusage médicamenteux correspond en fait à toute utilisation d’un médicament qui n’est pas faite à bon escient. « Il peut survenir à toutes les étapes de la chaîne de soins, de la prescription à la délivrance ou à l’administration du médicament, précise Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM, et peut concerner ses indications, sa posologie, le schéma d’administration ou la durée de traitement, les contre-indications ou les mises en garde. Le mésusage recouvre aussi le phénomène de surprescription. À l’inverse, il ne comprend pas les erreurs médicamenteuses, les abus, l’usage récréatif ni l’usage hors AMM s’il est justifié. » Selon l’ANSM, le phénomène touche en particulier les populations les plus vulnérables, soit les sujets âgés, les femmes enceintes et les plus jeunes. Les classes thérapeutiques les plus souvent incriminées dans les notifications de mésusage avec effets indésirables graves sont les antalgiques, les AINS, les hypnotiques et les anticoagulants. La France serait l’un des pays européens les plus concernés.
Dès lors, comment prévenir le mésusage médicamenteux ? Pour le Dr Lacoin, l’enjeu est de pouvoir identifier certaines étapes clés de la prescription à « verrouiller » pour circonscrire les risques. De son côté, l’ANSM mène une politique de lutte contre le mésusage. « Nous avons notamment pour ambition d’anticiper les situations les plus à risque et proposer des mesures de réduction du risque adaptées », indique Christelle Ratignier-Carbonneil.
« Prévention du mésusage du médicament : un pari gagnant-gagnant ? », vendredi 25 mars
Ces traitements courants à l’épreuve des preuves
Plusieurs études présentées en communication orale questionnent l’efficacité et la sécurité de médicaments courants. Leurs conclusions se rejoignent toutes sur le manque de preuves étayant les pratiques. Ainsi, pour les AINS utilisés dans les troubles musculosquelettiques, une revue de la littérature retrouve une amélioration significative de la douleur au repos à J7 et une diminution de la consommation de paracétamol à J14 sous kétoprofène. « Mais les preuves sont de faible ou très faible qualité, ne permettant pas une prescription éclairée », estiment les auteurs. Même bémol concernant l’efficacité et la sécurité des anti-acides à base d’alginate de sodium dans le RGO. Là encore, les données disponibles suggèrent une certaine efficacité mais « le profil de sécurité de ces médicaments reste à établir ». Quant aux bénéfices et aux risques de l’aspirine dans les douleurs mécaniques de l’appareil locomoteur, « la qualité des données de la littérature s’avère insuffisante pour conclure ».
« Médicaments », vendredi 25 mars
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