Maladies infectieuses

Covid-19, les généralistes face aux symptômes prolongés aspécifiques

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Publié le 21/03/2022
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Plus de deux ans après le début de l’épidémie de Covid-19, le CMGF dédie une session plénière à la prise en charge des formes longues de la maladie. Et pour cause : à mesure que le SARS-CoV-2 gagne du terrain, le nombre de patients concernés se multiplie. De fait, si la prévalence exacte du « Covid long » reste méconnue, des travaux anglais suggèrent que 10 à 15 % des sujets infectés développeraient des symptômes persistant plus de 4 à 6 mois, rapporte le Pr Dominique Salmon-Ceron, infectiologue à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu (Paris). « Et 10 % de ces sujets, soit potentiellement 100 000 à 200 000 personnes en France, pourraient présenter des troubles multisystémiques particulièrement invalidants. »

D’où un besoin médical certain. Mais le caractère très peu spécifique de la plupart de ces symptômes prolongés – hormis peut-être l’anosmie – complique la donne. Et ce, malgré la formalisation par l’OMS en octobre 2021 de la définition du Covid long. Si le texte précise le timing devant faire évoquer le diagnostic (symptômes se prolongeant plus de 2 mois et apparus dans les 3 mois suivant une contamination par le SARS-CoV-2), il aide peu sur l’identification des symptômes suspects, listant tout un panel de troubles fluctuants : asthénie, troubles neurocognitifs, gêne respiratoire, etc. En fait, comme le souligne le Pr Salmon-­Ceron, le Covid long ressemble à d’autres syndromes post-infectieux, comme la mono­nucléose, le chikungunya, mais aussi le Lyme chronique, la fibromyalgie ou le syndrome de fatigue chronique, pour lesquels la prise en charge « a peu progressé depuis 30 ans ».

Si bien que l’hypothèse d’un trouble somatoforme a été évoquée. D’autant que, selon la cohorte française Constances, près de 20 % des patients atteints de symptômes suspects se révèleraient séronégatifs au SARS-CoV-2, rapporte le généraliste et sociologue Philippe Cornet (Paris). Cependant, pour le Pr Salmon-Ceron, qui évoque des études notamment autopsiques, ce phénomène pourrait être dû à un envahissement du système nerveux par des fragments de virus, ou encore à une neuro-inflammation persistante.

Quoi qu’il en soit, les plaintes des patients sont réelles. « Le généraliste est alors présent, résume le Pr Salmon-­Ceron, pour les entendre, éliminer tout diagnostic différentiel (de la pathologie thyroïdienne en cas de fatigue au lymphome en cas de fièvre prolongée, en passant par la dépression), proposer des traitements symptomatiques, de la rééducation, voire une psychothérapie, mais aussi pour apprendre aux patients à s’autogérer. » Et surtout pour écouter, le Pr Cornet soulignant que nombre de patients se trouvent moins en impasse thérapeutique qu’en phase de basculement identitaire lié à la maladie. Dans cette situation, sans toutefois multiplier les bilans et les interventions lourdes, le généraliste peut s’entourer de kinés notamment respiratoires, psychologues, orthophonistes, éducateurs sportifs capables de conseiller une activité physique adaptée, etc., des réseaux et structures spécialisés tendant d’ailleurs à se mettre en place.

« Symptômes prolongés de la Covid et autres symptômes aspécifiques », vendredi 25 mars

Zostavax, un vaccin « oublié » des généralistes
La plupart des généralistes utiliseraient peu, voire pas, le vaccin contre le zona : un tiers d’entre eux ne le proposeraient que moins d’une fois par an, et plus de la moitié ne l’auraient jamais prescrit. Pourtant, la grande majorité des médecins connaissent Zostavax et en ont une image positive. Tel est le paradoxe que souligne et tente d’expliquer une enquête de pratique présentée au congrès. D’après les 150 réponses analysées, la plupart des généralistes ne penseraient tout simplement pas à proposer le vaccin à leurs patients, par manque d’habitude. « La sensibilisation à l’épidémie de cette maladie sous-estimée, une communication appuyée et une revalorisation de l’acte de vaccination semblent des pistes envisageables dans ce contexte pour améliorer la couverture vaccinale », estiment les auteurs.

« Vaccination », vendredi 25 mars

Coqueluche : les adultes de plus en plus concernés
Voilà quatre ans qu’un réseau de surveillance de la coqueluche a été mis en place en médecine générale. Selon les premières données pour 2017-2020 présentées lors du congrès, un « glissement de la morbidité » vers des âges plus avancés – de 31,5 ans de médiane – semble s’opérer. De plus, la « diminution rapide de l’immunité après la vaccination » se confirme, plus de la moitié des malades ayant déjà reçu au moins une dose de vaccin.

« Autour de la vaccination », jeudi 24 mars


Source : lequotidiendumedecin.fr